dimanche 17 août 2008

Une dernière réflexion

Merci. Merci sincèrement. L’accompagnement que vous m’avez offert tout au long de ce projet demeure inestimable à mes yeux. Vous m’avez lu de façon assidue. Vous m’avez soutenu de façon assidue. Sans votre support, cette expérience aurait été encore plus difficile dans les moments creux. Sans votre support, cette expérience n’aurait pas été si rayonnante dans les moments forts. Vous m’avez par moment donné la tape sur l’épaule dont j’avais besoin, par moment le sourire aux lèvres, par moment vous m’avez poussez à me questionner davantage, à être plus critique. Un soutien comme le vôtre n’est pas commun, vous m’avez démontré la sincérité de nos relations et j’en suis émue. Merci. Merci encore.

Je prends mon envol dans neuf jours à peine. Le temps est venu pour moi de conclure ma vie ici et de me préparer à mon retour parmi vous. Les derniers jours ont été peuplés de réflexions. J’aimerais en partager une dernière avec vous, ma plus grande difficulté tout au long du séjour, l’acceptation de mon «occidentalité».

Un séjour en terre étrangère ne peut être antonyme de changement. Jour après jour, les défis se multiplient et l’homme se défini. La motivation et le moral ont une forte corrélation avec les réalités vécues, mais encore davantage avec les valeurs inopinément confrontées. L’être refuse éternellement d’avouer qui il est vraiment. Lorsqu’il se retrouve confronté à ses valeurs profondes, il doit piler sur son orgueil et s’avouer sa véritable nature.

Quatre mois, une bribe dans une vie mais pourtant, quatre mois qui change une vie. Lorsqu’une personne chemine doucement dans son quotidien, son confort devient son point de repère. Éternellement insatisfait, il tente de le déstabiliser, de se dérouter. L’incohérence naît de cette spécificité même de l’homme.

Des années durant la quête d’une identité aura été l’alibi de la fuite d’acceptation. Les idéaux humains, nobles mais grandioses constituent à la fois le germe de la motivation et celui de la déconfiture face à la résignation.

Alors que l’«occidentalité» et les valeurs fondamentales qui la caractérisent lèguent un goût amer dans l’esprit pour celui qui refuse de s’avouer ses origines, la réalisation que ces mêmes particularités sont en fait encrées aux tréfonds de soi se révèle immensément plus déstabilisant.

Sur un fil de fer au milieu d’une fosse à lions, l’humain qu’est cette frêle petite fille tente de retrouver son équilibre. Bousculée à gauche à droite, ébranlée, elle se referme sur elle-même, ferme les yeux et prie pour que le cauchemar prenne fin. Incapable, sans force elle ne sait plus vers quoi ou qui se tourner. Seule au bout de la vie, les larmes de son corps coule sur ses joues. Inconsolable, elle continue pourtant de porter sa carapace et tente de se convaincre de sa force.

Le temps s’envole et la haine face à sa propre personne s’apaise. La mise en évidence de ses caractéristiques n’a plus l’effet d’un coup de couteau dans la peau à chaque instant. Les blessures se pansent. Le soleil recommence à briller et un sourire à orner ses lèvres. Les barrières invisibles qu’elle avait elle-même dressées disparaissent une à une.

Petit à petit, elle découvre finalement, elle s’ouvre et elle apprend. Petit à petit elle apprend à aimer. Petit à petit elle est devenue heureuse dans cet univers. Petit à petit, elle s’est remise à rêver, les idées se sont mises à bouillonner. Petit à petit elle prépare sont humble retour dans une société qui ne lui semble plus si mesquine. Petit à petit elle reprend l’équilibre.

mardi 12 août 2008

Les joies de Bobo

Ouf, ça fait drôlement un moment que je ne vous ai pas donné de nouvelles!

Alors je suis sur mon petit nuage depuis les derniers temps. Mon séjour à Banfora s'est très très bien terminé. Les derniers instants passés avec la famille et les amis ont été très agréables et j'étais un peu triste de quitter mon univers là-bas.

Puis, je suis déménagé à Bobo! Fantastique! J'adore ma vie ici. J'habite avec la meilleure famille du monde. Je suis dans le luxe totale, j'ai ma propre chambre avec mon lit pour moi toute seule ET l'électricité!! Je mange plein de nourriture africaine que j'adore et le travail progresse bien.

Le travail justement, je suis dans le rush! Je dois écrire tous mes rapports et terminer le travail avec Franck! Je vais être occupé jusqu'à la dernière minute! Je suis très fière de mon travail accompli pour l'évaluation du travail PAMER. J'ai remis un rapport qui sera acheminer au FIDA (qui finance les projets ici, donc c'est big!) pour influencer les décisions concernant la deuxième phase au projet. Je suis quand même très contente!!

Aussi, il y a presque tous les autres stagiaires qui sont passés par ici pour faire des petits achats et me saluer. Ça fait un bien immense de les voir!

Donc vraiment pas de nouvelles, bonnes nouvelles comme on dit! Je vrais très très très bien!

Je prend mon envol du Burkina dans exactement deux semaines. Je crois bien que ce sera le coeur un peu gros, mais j'ai aussi vraiment hâte de vous revoir!

À bientôt

mardi 29 juillet 2008

Petite vie tranquille

Alors je vous en fais un parce que vous en redemander!

Les derniers jours ici ont été assez tranquilles. Je me suis bien remis doucement de ma fièvre typhoïde et j'ai essayé de boucler un peu la boucle à Banfora.

En fait, j'ai quand même eu la chance de faire quelques trucs vraiment sympas, mais c'était disons un peu plus touristique que du développement. J'ai tout de même presque complété la visite de pas moins que 50 micro entreprises pour faire une évaluation des appuis qu'ils ont reçus et aider à mieux formuler la deuxième phase du projet.

Sinon, allez, je vous conte le côté touriste!!

Bon un, les bébittes sont sorties ici! Donc, ma famille se donne un malin plaisir à m'en faire manger! Je peux vous dire que les termites c'est très bon, mais les chenilles, ça ne passe pas pour moi!

Deux, j'ai finalement eu ma dose de musique un peu. Des percussions, j'en ai entendu à la tonne dernièrement et vraiment, je n'arrive pas à me tanner! (Kathy Sue, I thought a lot about you girl!) Mon djembé est aussi en processus d'assemblage juste pour moi! J'en suis bien heureuse!

Aussi, je suis allé visiter la famille d'Oumar (l'étudiant qui habite dans ma cours) et j'ai finalement eu la chance de goûter au banji, une boisson qu'on va cueiller dans le rônier (un arbre type palmier). Le matin, c'est comme du jus, puis au fur et à mesure que la journée progresse, ça fermente et ça devient de l'alcool. J'en ai bu vers midi et honnêtement, je ne voudrais même pas essayer le soir! C'était intéressant de passer du temps au village et de voir où Oumar a grandi. Ensuite, nous en avons profiter pour aller voir les pics de Sindou comme son village est tout près.

Wow! Finalement une petite rando! ça fait du bien ça mes amis! J'avais besoin de grouiller! C'était très joli! Nous nous sommes fait prendre par la pluie, mais nous sommes allé nous abriter et puis nous sommes revenus. J'ai pensé à tous ces gens que je connais qui sont des accros de la grimpe et j'aurais aimé que vous soyez là avec moi pour pouvoir vous amuser un peu! Les pics c'est simplement plein de pics rocheux au milieu de la vallée. Tu roules, puis bang! Les voilà, un peu comme quand tu arrives dans les rocheuses en Alberta. C'était vraiment agréable à voir!

Sinon c'est ma dernière semaine à Banfora, je déménage ce dimanche pour Bobo où je vais passer les trois dernières semaines. Je tenais donc à faire un bon repas pour tous les gens de ma cours pour les remercier de leur accueil, c'est hier que ça s'est produit! Je leur ai fait plein de légumes, des patates et du poisson sur le feu! Comme en camping! Un immense luxe pour eux mais vraiment pour moi avec 15 dollars, j'ai nourri 15 personnes, pas trop mal quand même!

Ils ont beaucoup aimé et semblaient très reconnaissants!

Je commence à dire mes aurevoirs, j'ai le coeur un peu gros quand même. J'ai connu des gens fantastiques ici. Nos chemins se sont croisés et maintenant, il est le temps pour moi de poursuivre ma route. Bientôt cette dernière me ramenera auprès de vous tous, et ça aussi, j'ai bien hâte. Je dois avouer que mon petit monde me manque un peu.

dimanche 20 juillet 2008

Un petit tour d'horizons

Tres dsl pour larrangement des photos

Je vous délaisse! C’est fou comme le temps file en terre burkinabé! Dans deux semaines déjà je quitterai ma petite vie de Banfora pour aller m’installer à Bobo pour le dernier mois.

Alors qu’est-ce que je deviens? Tout d’abord, il y a eu mon placement à Orodara. L’objectif de ce placement était de mieux comprendre les réalités des transformatrices d’anacarde et d’essayer de démystifier pourquoi le matériel fourni par différents programmes d’aide demeuraient inutilisés par les dames et pourquoi ces dernières continuent plutôt à faire le travail avec la méthode traditionnelle.

C’est avec cet objectif en tête et l’envie d’apprendre que je me suis dirigée vers cette petite commune. Une fois arrivée sur place, il a été convenu que j’habiterais avec la présidente du groupement des transformatrices d’anacarde d’Orodara. Sur le plan personnel, cette expérience a été extrêmement enrichissante. À la maison à Banfora, la dame avec qui je loge n’aime pas cuisiner. Résultat, après deux mois, je n’avais toujours pas pu apprendre à cuisiner à l’Africaine et vraiment manger les plats traditionnels. Ma chance était arrivée! Pendant toute la durée de mon séjour, j’ai pu non seulement déguster la véritable cuisine d’ici (qui soit dit en passant peut être délicieuse), mais j’ai aussi eu l’occasion d’apprendre à préparer! J’ai bâti une belle relation avec Adja, la fille de 18 ans de Mme Coulibaly, et elle m’a montrée comment être une femme au Burkina haha! J’ai finalement connu les secrets de la lessive!

Voici mes deux formatrices : Adja et Tené sa meilleure amie!

Elles ont toutes les deux 18 ans et profites des vacances scolaires pour faire la transformation de l’anacarde quand elles ont le temps à travers toutes les tâches ménagères! Je crois qu’avec elles, j’ai réussi ma mission de bâtir une bonne relation avec une femme, chose très difficile ici, mais extrêmement intéressante pour les discussions.

Bien entendu, mon séjour là-bas a représenté beaucoup plus que cela! J’ai eu la chance d’aller rencontrer un nombre impressionnant de transformatrices et de vraiment mieux comprendre toutes les étapes de la transformation. J’ai aussi commencé à lever le voile sur les secrets bien gardés de l’inutilisation des machines! Cependant, c’était un peu difficile puisque bon nombre des femmes ne parlaient pas français et mon dioula se résumant aux salutations et un peu plus, l’interprète était nécessaire. Toutefois, je crains qu’il eut s’agit d’un intermédiaire qui transformait un peu la réalité. Ah moi et mon dioula!

En bref, les problèmes des femmes d’Orodara et de Dieri (le village voisin où littéralement toute les femmes transforment l’anacarde ou les céréales) tournent autour du fait que peu d’entre elles ne parlent français et que le pouvoir est donc détenue par quelques femmes seulement qui sont malheureusement devenues corrompues et qui comprennent bien le pouvoir qu’elles ont! Les femmes qui reçoivent les formations et l’information nouvelle venant de programmes d’appui ne transmettrent pas nécessairement toujours aux autres femmes des groupements. Ainsi, elles peuvent devenir des intermédiaires qui n’ont même plus à faire le travail ardu de la transformation pour bien s’enrichir puisqu’elles possèdent les contacts. Elles peuvent donc utiliser les autres femmes qui elles ne font qu’exécuter et espérer avoir suffisamment pour manger. Un des aspects de mon travail sera entre autres d’écrire un rapport pour déplorer cette corruption et aider les programmes d’appuis futurs à mieux orienter leur support.

Maintenant je vous mets un peu d’images sur tout ça!

Tout d’abord, mes nouveaux petits

rayons de soleil, les petits enfants de

Mme Coulibaly qui habitaient avec nous!

Eh oui! Ils découvrent la technologie!

Mme Coulibaly elle-même

Une des transformatrices de Dieri qui est en train de faire la première étape de la transformation, soit le bouillage des coques dans de l’huile. Ainsi, l’huile des coques elles-mêmes, qui est extrêmement nocive et acide, est extraite. C’est d’ailleurs cette huile qui rend le mur noir. L’odeur qui se dégage pendant cette étape est terrible. Les femmes mettent leur santé en péril tous les jours. Quant à ses habits, ce n’est pas à cause de la transformation, mais plutôt parce qu’elle est musulmane.

Par la suite, les femmes doivent briser la coque des noix une à la fois avec un outil de métal. Ainsi, pendant des heures, elles sont assises sur un petit banc et elles brisent les coques. Ce travail est très nocif pour les mains puisqu’il reste plein d’acide sur les coques. Une fois qu’elles ont extraits les amandes, elles doivent les faire sécher au soleil pendant une journée avant de pouvoir enlever la fine pellicule qui les recouvrent et ensuite finalement les faire frire après les avoir séchés une deuxième fois.

Quand je dis nocif, c’est nocif! Regarder les mains de cette petite fille qui aident leur maman avec le décorticage (oui oui, j’ai moi aussi eu les mains comme ça pendant une semaine!)

La transformation de l’anacarde est très ardue. Les femmes doivent respirer pendant des heures de la fumée qui est loin d’être saine pour les poumons. Les risques de brûlures sont aussi très élevés comme elles sont appelées à travailler avec de l’huile brûlante toute la journée. Finalement leur peau est constamment brûlée par l’acidité des coques. Les petites commencent à travailler avec leur maman dès l’âge de 8 ans environ. Elles ont pour seul remède, pour le moment, de boire du lait après la transformation pour neutraliser l’acide qu’elles disent!

Voilà un peu qui fait le tour de mon placement à Orodara. Il y en aurait encore beaucoup à dire, mais il y a autres choses dont je veux parler. Dori!

Après le placement, c’était le temps d’aller à Dori pour rejoindre les huit autres stagiaires et faire le point à la moitié du placement. WOW! Une retraite ça donne de l’énergie!!! Je suis donc partie d’Orodara pour me rendre à l’autre bout complètement du Burkina, aux portes du désert du Sahel. Nous sommes arrivés sous la pluie avec des routes difficiles et résultat, le désert est beaucoup plus vert qu’on pense pendant l’hivernage!

Alors pendant presque quatre jours, nous nous sommes retrouvés pour échanger sur nos placements respectifs et nous aider à mieux orienter notre travail. Ça été très formateur d’avoir la perspective des autres sur notre travail et de pouvoir essayer d’aider les autres aussi.

Je montre celle-là spécialement pour la section. Vos trois de Sherbrooke! En effet, J-F (celui debout) est un stagiaire long terme de Sherbrooke, ici pour au moins un an. Laura-Jeanne est de la poly et intrus sur cette photo! Il y a moins et des petits restes des traces de mon accident de vélo sur mon épaule et Fred mon acolyte. C’était le début d’une session, ne vous inquiétez pas, on a un peu plus de sérieux que ça tout de même!

Comme vous pouvez voir, Boris (mon coach) a su provoquer les questionnements chez nous. Nous voilà pendant notre rencontre de secteur (Agriculture et Micro entreprise). Nous avons beaucoup réfléchit sur l’orientation du secteur et nous avons pu mieux orienter notre travail grâce à ça. Très intéressant comme session! (Bon ok, finalement, on était assez zen pendant les sessions!)

La retraite de Dori était aussi l’occasion pour nous d’avoir notre 24h officiel de touriste au Burkina et nous détendre! Nous sommes donc partie à dos de dromadaire pour aller dormir sur les dunes dans le désert du Sahel en fin de journée le dimanche et revenir le lendemain en matinée avant de se remettre au boulot.

Voici donc Judit qui avance calmement sur son dromadaire. Eh oui! Le désert est vert! En fait, ça ressemblait à un terrain de golfe immense. Il faut aussi souligner que nous étions à l’entrée du désert, pas dans la partie la plus intense disons!

Boris mon coach faisant un touareg de lui-même!








Un des dromadaires se faisant tout bonnement dorer au soleil! C’est très intéressant de faire du dromadaire, en fait, c’est un peu comme faire du cheval seulement avec encore quelques pieds de plus d’élévations. La vraie partie le fun, c’est quand ils se lèvent où se couchent, c’est un peu comme une mini montagne russe!

Nous voilà, les huit stagiaires court terme du Burkina en 2008 en compagnie de deux amis après notre nuit dans le désert, prêts pour une deuxième moitié de placement du tonnerre!

En effet, je suis revenue de la retraite extrêmement motivée avec une idée claire du travail qu’il me restait à faire. J’étais d’attaque et je voulais que tout roule à la vitesse de l’éclair. Le tout a très bien commencé avec mes visites dans les micros entreprises de ma province pour évaluer les appuis qu’ils ont reçus du PAMER (programme d’appui aux micros entreprises rurales). Vraiment, cette facette de mon boulot, je l’attendais depuis longtemps. C’est vraiment fascinant de rencontrer les petits entrepreneurs et de voir ce qu’ils arrivent à faire.

Malheureusement, parce que bien sur il y a un bémol, je suis tombé malade. Bon ok, ça faisait quelque temps que je couvrais ça, mais là j’ai dû agir. Fièvre typhoïde! 10 jours d’antibiotiques et de diète liquide! Ne vous en faites pas, c’est loin d’être grave. J’ai seulement mangé quelque chose quelque part qui n’avait pas bien été lavé ou qui avait été manipulé avec des mains sales. Ce n’est vraiment pas si pire, mais j’avais besoin de repos un peu. Mes activités ont donc été retardées par mon état de santé cette semaine et mon assiduité à mon blog aussi! Heureusement, les antibio font bien leur travail et je bien remise sur pied à la moitié du traitement. Je devrais donc être en mesure de poursuivre mes visites terrain cette semaine et de vous en parler bientôt. Pas de soucis, je prends ça molo quand même, ma santé demeure ma priorité numéro un!

Voilà un tour d’horizon de ma vie du dernier mois ou presque. J’espère vous avoir rassasié en info un peu. Bonne nouvelle aussi, le vieux de la maison a subit son intervention (finalement ce n’était pas le SIDA, mais le cancer de la prostate) et tout s’est bien déroulé. Il est revenu à la maison jeudi et s’y repose calmement en tentant de récupérer un peu.

Voilà, n’hésitez pas à me donner de vos nouvelles, ça donne toujours un petit boost d’énergie. J’ai hâte de vous voir et d’entendre de la musique de chez nous (mon mp3 est mort!)

vendredi 11 juillet 2008

Paroles de sage

Comme promis il y a longtemps... un peu plus sur ma discussion avec le vieux de la maison!

Dimanche soir, je rentre à la maison après une fin de semaine passée à Bobo-Dioulasso. Sur la route, déjà les enfants courent pour m’accueillir. Bien vite, je me retrouve avec trois d’entre eux dans mes bras et je me sens bien parce qu’on me reçoit avec joie. Je pars déposer mon sac dans la maison et quand je ressors, c’est le calme plat autour de moi. Tout le monde a disparu, les enfants sont repartis jouer. Paisiblement, il y a le vieux assis seul, sous le manguier. Le vieux, je ne le connais pas beaucoup. Il habite dans la brousse avec ses deux plus jeunes femmes. Depuis quelques temps, ses visites à Banfora sont plus fréquentes. Sa santé est fragile et il doit recevoir des soins. Je décide donc de profiter de l’occasion et d’aller discuter un peu avec lui.
Tranquillement, je vais m’asseoir sur la chaise vide qui est à ses côtés. Comme je m’installe doucement, il fixe le vide paisible et me dit : « Tu sais, l’Afrique n’est pas pauvre ». Le silence s’installe à nouveau. Si peu de mots, mais tellement de poids. Sereinement, un sourire apparaît sur son visage. Lorsque je me tourne vers lui, il a les yeux rieurs et me dit simplement : «L’Afrique n’est pas pauvre, mais l’Afrique est pressée». Légèrement, je lui demande comment, comment l’Afrique est-elle pressée? Pour toute réponse, il m’interroge :
- « Il y a toujours eu les tracteurs au Canada? »
- «Non, bien sûr que non. Il y a eu les charrues et encore avant les hommes utilisaient les outils à main»
- «VOILÀ! L’Africain veut sauter les étapes. L’Africain veut tout de suite s’occidentaliser, mais il oublie qu’il y a des phases à gravir.»
En quelques mots à peine, le vieil homme venait de m’expliquer ce déséquilibre qui me perturbait depuis mon arrivée.
Puis, le regard toujours souriant, il me dit : « Un homme qui a faim, ne peut se développer. Un pays qui a faim, ne peut se développer ». Je suis de plus en plus tourmentée par la justesse de ses mots. « Le travail au champs est difficile. Une fois que l’homme a connu autre chose, il ne veut pas retourner aux labeurs ardus de l’agriculture » me raconte-t-il. Puis, avec une fierté palpable, il me dit : «J’ai dix-sept enfants et trois femmes. Aucun d’entre eux n’a jamais connu la faim!»
«Trente-deux ans. Pendant trente-deux ans, j’ai cultivé la terre. Pendant trente-deux ans, j’ai servi l’état en formant mes pairs ». C’est ainsi que M. Sirima m’explique qu’il est important de commencer le travail à la base et que cette base, c’est l’agriculture.
À ce moment, l’espoir venait de renaître en moi. À ce moment, j’ai moi aussi cru au potentiel du Burkina Faso. À ce moment, le vieux m’a introduit à un proverbe africain, « Quand quelqu’un te lave le dos, laves toi au moins le visage». M. Sirima ne le savait sans doute pas, mais il venait tout juste de justifier toutes mes croyances, il venait de renforcir mes valeurs face au développement humain. Encouragée, je lui ai donc demandé ce qu’il croyait de mon projet. Rayonnant, il m’a dit : « Vous avez compris. C’est de votre expertise dont nous avons besoin pas de votre argent ».
Il y a des jours excessivement difficiles ici, des jours où un rien me fait baisser les bras. Heureusement, il y a aussi des jours comme cette soirée du 15 juin. Ce soir là, j’ai vue l’espoir briller dans le regard d’un homme. Ce soir là, j’ai aussi compris ce que l’on entendait par la sagesse des aînés africains. Depuis, chaque matin, je me réveille en me répétant les mots de M. Sirima : «L’Afrique n’est pas pauvre » et chaque matin je crois encore plus fort au potentiel de ces habitants.

jeudi 3 juillet 2008

Il y a longtemps

Bonjour à tous!

Je suis en transition entre mon séjour à Orodara et la retraite à Dori. J'ai plein de choses à vous raconter. Je vous reviens la semaine prochaine, mais en attendant, je vous fais part d'une journée importante qui s'est déroulé juste avant mon départ de banfora.

Je pense très fort à vous!

Une visite très intéressante!

Alors samedi, bien que le plan original était d’aller à Bobo-Dioulasso pour le festival de la musique comme je le souhaitais tant, une opportunité en or s’est présentée à moi. Je ne pouvais certainement pas refuser!

Comme vous en avez sans doute entendu parlé, il y a une crise alimentaire mondiale. Un des impacts important est la hausse du coût de la nourriture. De plus, il y a une crise dans le monde de la production du riz. Au Burkina en l’espace d’à peine six mois le kilo de riz est passé est de 200Fcfa à 425Fcfa. Comme les Burkinabés diraient, la vie est chère!

Pour pallier à cette crise nationale, le gouvernement Burkinabé a décidé de prendre des mesures pour faciliter la production du riz. Samedi dernier, le ministre de l’agriculture était de passage dans la région des Cascades pour aller rencontrer les producteurs de riz et tenter de trouver une solution à leurs problèmes dans la production du riz.

Ainsi, le président et le secrétaire générale de la chambre d’agriculture m’ont invité à prendre part à l’évènement. Comme je n’avais pas beaucoup de connaissances préalables dans la filière riz, je ne savais pas trop ce qui m’attendait.

Samedi matin, je me lève, cours me chercher le pain et prend bien soin de le garnir de pâte d’arachides que Mariam a gentiment fait pour moi (étrangement, les Burkinabés n’aiment pas le beurre d’arachides sur le pain!) Je monte mon vélo avec mon pagne (une espèce de jupe un peu style paréo dans la façon de la porter), déjà, c’est quand même un défi le vélo en jupe tout en tentant de ne pas laisser entrevoir nos genoux. Mais vraiment, je m’en viens une pro! Je roule donc tout bonnement vers les 7h15 en direction du travail, saluant les gens sur mon passage et prenant une bouché de pain d’une fois à l’autre, paisible. Le soleil brille déjà, mais ne chauffe pas trop encore. Je passe à côté de mon réparateur de vélo et puis BANG! Une moto me dépasse par la gauche de si près qu’elle accroche mon guidon. Voilà! Je me retrouve sur le sol. Les jambes toutes prises dans le pagne, l’épaule bien égratignée, mais le pain sauvé! Eh oui! Mon premier accident de vélo. On dirait que c’est ma spécialité! Par contre, ne vous en faites pas. Vraiment, c’est juste de la peau qui est partie. Rien à comparé de mon accident d’il y a presque deux ans (mais oui, j’ai tout de même pris le même plaisir à m’éplucher la peau). La personne qui m’a renversé ne s’est même pas arrêtée. Après en avoir parlé avec d’autres personnes ici, nous croyons qu’il a sans doute pris peur des représailles comme j’étais blanche. Mais bon, ce n’était qu’une petite péripétie, revenons-en au sujet principal, la visite du ministre.

Donc, j’arrive au service avec un peu de peau en moins pour rejoindre M. Sombié et M. Barro. Bien vite, nous partons dans un gros camion blanc en direction de? Vraiment je n’ai aucune idée de ce qui se passe! Je me retrouve donc dans la cour de la maison du gouverneur de la région où nous rejoignons pleins d’autres personnes importantes. Une fois tous réunis, nous prenons la route pour aller attendre le ministre à l’entrée de Banfora. Nous sommes à ce point une vingtaine de voitures en convoi. Nous descendons tous et nous asseyons en saluant les gens et attendant (vraiment à ce point je n’avais aucune idée de ce qui se passait). Finalement, un convoi de cinq autres voitures arrivent. Tout le monde court pour aller sur le bord de la route s’y mettre en file pour serrer la main du ministre et des autres personnes qui l’accompagnent. Puis, c’est la course folle vers les camions pour suivre le convoi, et surtout, être le plus près du président possible. En effet, le rang dans le convoi démontre la hiérarchie. Nous sommes environ cinquième ou sixième sur vingt-cinq. Vraiment, je suis dans un endroit plus important que je ne l’aurais cru. C’est impressionnant de voir l’effet sur la population de ce convoi. Tout s’arrête. En fait, nous produisons tellement de poussières avec les voitures que les gens n’arrivent plus à marcher, faire du vélo ou travailler, donc les yeux sont tous rivés vers nous et les drapeaux burkinabés apparaissent partout sur notre route.

La journée comprend la visite de deux plaines. Tout d’abord, nous nous rendons dans la province du Léraba dans la commune de Nioufila, près de Douna. Les gens nous donnent d’abord les statistiques sur leur production avant de nous montrer leur installation pour la pisciculture et nous accompagner au centre du village. Là-bas, tous les producteurs sont rassemblés. Nous sommes accueillis au son du balafon (espèce de xylophone traditionnel) et des chants. Nous avons droit à tous les sièges confortable. Je suis placée dans la deuxième rangée (euh je ne sais même pas ce qui se passe!). Puis le président de la plaine salue le ministre et lui expose les demandes des producteurs. Je tiens à souligner que les femmes et les hommes sont sur des côtés différents et que à aucun moment la parole a été adressée aux femmes, le dos du président leur ai même tournée, pourtant, ce sont elles les vraies travailleuses.

Le président se dit très déçu de la première plaine parce qu’ils n’exploitent pas leur territoire comme ils le devraient. Au cours des discussions, nous apprenons que c’est par peur que les producteurs n’osent pas faire plus. En effet, par le passé, ils ne sont pas arrivés à écouler toutes leurs récoltes.

La formule de l’évènement était très intéressante. Le président a écouté les paysans faire part de leurs problèmes patiemment avant de proposer des solutions. Ainsi, cinq problèmes majeurs ont été identifiés:

1- Le manque d’organisation (l’union des paysans n’arrivent pas à palier à se problème, ce qui amène un chaos pour les productions)

Solution : Le ministre leur promet la visite d’un ingénieur qui va venir évaluer les possibilités de la plaine et les aider à mieux s’organiser

2- Le manque de semences et d’entrants (engrais).

Solution : De la même manière que pour les producteurs de coton, le gouvernement offre un support de ce côté. Les semences seront remises aux producteurs pour la symbolique somme de 1000Fcfa (2$) et les engrais maintenant au coût de 45 000Fcfa seront laissés à 27 500Fcfa. Bien sur, le gouvernement sollicite l’honnêteté des producteurs et les avisent que si ces derniers exportent en Côte-d’Ivoire ou au Mali les engrais pour une plus grande somme, ils le sauront et ce sera la fin de l’aide gouvernementale.

3- Le manque d’équipements agricoles

Solution : Le gouvernement met à la disposition des tracteurs entièrement équipés avec l’équipement agricole aux unions. Les petits tracteurs sont offerts pour la somme de 6 000 000Fcfa (14 000$) et les gros pour la somme de 9 000 000 Fcfa (21 000$) à crédit remboursable en cinq ans.

4- Les problèmes d’écoulement

Solution : Le riz est devenu introuvable. On arrive même plus à importer de l’Asie. Le gouvernement garantie à tous les producteurs d’acheter toutes les récoltes invendues.

5- Les hippopotames mangent les récoltes

Solution : Les paysans doivent planter une haie autour des rizières pour forcer les hippopotames à demeurer dans leur environnement naturel. Cependant, le gouvernement n’offre pas d’aide à ce niveau. Bien que ça semble minime j’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’un investissement de près de 6 000 000Fcfa (14 000$), ce qui est énorme pour les gens ici. Je vous rappelle que la majorité de la population gagne moins de 2$ par jour.

Par la suite, nous nous sommes dirigés dans un autre village directement à côté des cascades et un scénario semblable s’est produit. À l’exception du problème des hippopotames et que les gens avaient déjà de meilleures récoltes et une décortiqueuse.

La journée s’est terminée à la maison du gouverneur pour un repas. Je ne croyais pas un jour manger à la maison d’un gouverneur burkinabé, mais disons que je me sentais plus ou moins à ma place. Finalement la dernière course a été de manger pour rapidement sauter dans les véhicules et aller saluer le ministre à la fin de la ville. La journée venait de se terminer à 20h, j’avais raté le festival de la musique, mais vraiment je venais de vivre une expérience inoubliable. De m’incruster dans le monde politique et de voir toutes ces formalités. Je venais aussi d’un peu mieux comprendre le poids politique des chambres d’agriculture. Par contre, je venais aussi d’être entièrement introduite au fossé qui existe entre les riches et les pauvres ici…

jeudi 19 juin 2008

Sur un petit high

Oh là! On dirait bien que je suis dans un petit pic de bonheur! Tout va très bien ici depuis mon retour de Bobo. Je pars ce weekend pour trois semaines et on dirait que les gens ici ont tous ressentis l'urgence de ma présence!

Au travail, je suis en demande partout!!! Yéé! Vraiment ça fait du bien de vraiment pouvoir donner un coup de main à la CRA tout en apprenant beaucoup! à la maison, la vieille m'a finalement parlé cette semaine...vive les habits africains! C'est comme ça que j'ai réussi à l'approcher! Sinon à mon retour de bobo, je me sentais comme une star quand j'ai soudainement eu deux petits garçons qui ont courru venir chercher mes sacs et trois petites filles qui m'ont littéralement sauté dans les bras. Ici, on dit que je DOIS avoir des jumeaux parce que j'ai toujours plein d'enfants en même temps sur moi! Parlant bébé, la cousine a eu son petit homme jeudi dernier et est rentré à la maison avec lui en début de semaine alors il y a maintenant un poupon avec nous.

J'ai aussi eu droit à une vraie conversation de sage avec le grand-papa cette semaine. Je vous promets plus à venir. Je suis allé au lac aux hippos avec Issa, mais bien tous les hippos étaient dans l'eau! Donc je n'ai rien vu, un autre soir peut-être! Je suis supposé aller aux cascades ce soir avec Mariam parce que à mon retour, il y aura trop d'eau.

Ah oui, j'ai aussi mangé de la gazelle. C'est honnêtement très bon! Et...j'ai découvert le mcdo de Banfora! Ne vous inquietez pas, ce n'est pas un vrai mcdo! Mais vraiment la bouffe et le décor sont magiques!!! (donc vraiment c'est pas un vrai mcdo)

J'ai aussi rencontré une australienne qui fait l'afrique de l'ouest à vélo toute seule. Très très inspirant (maman inquiète toi pas trop...je suis quand même pas si intense...l'amérique du sud c'est assez!).

Finalement, je vais au festival de la musique à Bobo avant de partir pour Orodara. Donc, je suis vraiment vraiment excitée!!

Je crois que le moral est bon parce que ce midi quand j'ai dit aux gens du bureau que j'allais manger, le secrétaire général (le boss ici) m'a dit: Tu n'as pas besoin de manger, tu es déjà grosse! et j'ai rit de bon coeur! Ah c'est Burkinabés, toujours le mot pour nous faire sentir bien!

Je ne vous oublie pas mais je ne sais pas quel genre d'accès je vais avoir dans les semaines à venir!

Gardez le sourire!!

samedi 14 juin 2008

La bureaucratie du Québec, des crevaisons, de la pluie et du support

Entuka, je ne sais pas ce que ça va donner, mais je peux vous dire que postuler pour les bourses du millénaire via l'Afrique, c'est loin d'être une partie de plaisir! Depuis la fin des cours que les téléphones entre l'université et moi se multiplie et que les faxs ne se rendent pas.

Lundi, ce fut la cerise sur le sunday! J'ai rappellé l'université pour être certaine que tout était fait comme prévu parce que les dates limites étaient passées. Surprise! La dame me dit qu'il n'y a rien dans mon compte. Quoi???? ça fait depuis le 15 mai que j'envoies des fax et depuis le 8 mai que j'appelle tout le temps. Maude est allé vous voir plein de fois et chaque fois vous avez dit que c'était confidentiel! Vous ne vouliez même pas luidire si vous aviez accusé réception des documents. Et là, 4 jours après ladate limite, vous me dites que vous avez rien à mon dossier!!!! ahhhhhh et la bien entendu ca commence a decaler et la dame me gueule parce qu'elle dit que je parle en meme temps qu'elle. Je commence à essyer de lui expluiquer calmement que je suis en aftrique et que la communication n'est pas toujours facile et la... bien entendu ca coupe!!! pu de credit! Je mets a pleurer je pogne mon velo pour aller chercher une autre carte et bien sur entre le travail el le kiosque je reussi a derailler ma chaine et a faire une autre crevaison! Laissez-moi vous dire que j'ai fait mon chapelet au complet plusieurs fois!

Finalement quand je suis revenue j'ai parle au monde d'education beaucoup plus comprehensives et elles m'ont toutes arrangee ca. Donc finalement, tout y est! Je ne sais pas ce que ca va donner, mais au moins tout est en bonne et du forme!

Au travail aussi j'avais l'impression que rien ne fonctionnait cette journée là. Donc quand je suis rentré un ami m'a invité à prendre une biere et vraiment j'ai flenché. J'en avais de besoin. La biere a rarement été aussi bonne. Je me suis sincerement detendu ce soir la et le reste de la semaine c'est beaucoup miex passe!

Ainsi, j'ai parlé avec le secrétaire génértal au bureau et on a encore plus défini mon rôle donc c'est super cool. Je suis aussi allé en visite terrain ou j'ai rencontré des gens qui ont des micro entreprises. Tellement intéressant! Je suis allé dans la brousse un peu. J'ai visité un cultivateur/apiculteur, une dame qui fait les produits de karité, une autre les sirops de fruits et un pâtissier. Tous des gens super fascinant! J'ai donné uin petit cours d'anglais. Je suis allé à un forum sur l'environnement hier et je suis venue rejoindre Laura Jeanne et Mel à Bobo pour la fin de semaine.

Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça fait du bien de discuter avec des gens qui vient l amême chose que nous! Je sens que ça va me donner un boost d'énergie! Vraiment leur support est précieux!

Un mois au Burkina aujourd'hui!

Bonne semaine...

samedi 7 juin 2008

Le moustiquaire

Ah oui! Nous avons eu le moustiquaire jeudi!!

Un mois moins un jour!!!!

Oulala, déjà demain, ça fera un mois que je me suis envolée de l'aéroport internationale de Mt-Joli (bon ok peut-être pas internationale, mais...)!

Alors oui, le temps file. Par contre, il y a des journées plus longues que d'autres. La semaine a été vraiment bien remplises de hauts et de bas.

Je commence à beaucoup miex m'intégrer à mon mode de vie, à me créer de petites routines, à connaître plus de gens, à manger plus de nourriture d'ici et à ne plus avoir à systématiquement appliquer la règle du 1,2,3 avale! Je me sens plus à l'aise tout n'est plus tellement différent et incompréhensible. Je commence même à découvrir de nouvelles petites choses qui me font plaisir au quotidien.

Cependant, maintenant que tous ces petits soucis vont mieux, je commence un peu plus à réaliser comment le monde fonctionne autour de moi, et c'est difficile pour le moral!! La petit Val perd beaucoup de naïveté et ça fait mal. Je commence à réaliser que la corruption n'est pas seulement dans la haute politique, mais aussi beaucoup dans mon monde, dans l'aide internationale. C'est un peu difficile de garder le moral quand on réalise comment ça se passe vraiment. Disons que mon sens éthique en mange un coup!

Heureusement, il y a le travail que je fais avec Mariam. Je sais que ça lui profites à elle directement et que ce n'est pas 10 000 000 d'intermédiaires qui vont tout prendre.

D'ailleurs, j'ai eu la visite de Boris, mon coach, hier et aujourd'hui. ça été très intéressant. On a pu encore plus cibler mon travail et l'orienter pour les prochains mois. Ainsi dans les deux semaines à venir, je vais vraiment travailler avec la CRA, les aider en informatique et en traduction, mais surtout bien comprendre leur travail et tenter de cibler leurs besoins afin de voir si un partenariat long terme avec ISF serait envisageable. Ensuite, je vais me diriger vers Bobo le 21 pour l'ouverture du Faso Market!! Un marchée qu' un ami de Boris ouvre pour vendre les produits locaux et dont Boris est actionnaire! Et le 23, je vais à Orodara, une petite ville où il y a un groupement de transformatrice d'anacarde. Je vais travailler là-bas avec elles pendant une dizaine de jours afin de vraiment mieux comprendre cet univers. De travailler avec elles comme ça, me donnera, on l'espère une vision différente de celle d'une simple visiteuse et les besoins pourront être beaucoup mieux identifié. Par la suite, je me dirigerai vers Dori (dans le sahel, sur les dunes faire un peu de dromadaire) pour la retraite mi-projet. Puis, je reviendrai à Banfora pour environ 3 semaines pendant lesquelles je ferai des visites terrain de micro entreprises qui ont reçu un appui pour évaluer un peu ce dernier et aider à faire des recommendations pour la 2 phase. Ensuite, ce sera aout pour 2 semaines où je travaillerai soit à Bobo, soit à Banfora avec Franck pour l'aider vraiment à démarer son entreprise de conseiller en entreprise et où j'écrirai mes rapports finaux. Et hop Ouaga, hop Toronto, hop Mt-Joli, hop Sherby!! ( bon sans doute avec un petit arrêt pour voir ma nouvelle petite niece à drummond!!!!)

Bref, le temps devrait passer très vite. La fin de semaine prochaine quelqu'uns des stagiaires et moi allons aussi se rejoindre à dédougou pour la fête à genevieve et un petit boost de moral!!

Aujourd'hui, j'ai mangé du karité. Je ne savais même pas que le fruit se mangeait. Intéressant comme goût, mais je ne suis pas convaincu. Ah oui, cette semaine, un soir, notre souper c'était 30 grenouilles attrapées par les enfants frites dans 3L d'huile. Différent!

L'estomac commence à faire des siennes un peu, mais j'imagine que ça en vaut la chandelle puisque l'oncle a dit: Valérie c'est pas una canadienne normale, elle mange avec nous; notre nourriture, c'est une africaine. C'est un bon point de gagné je crois.

Bon allé, je vais faire ma lessive, prendre le temps et débattre du monde!

Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point votre support est précieux. Merci d'être là pour moi. à bientôt!

mardi 3 juin 2008

Merci

En passant, sachez que je lis tous vos commentaires avec beaucoup de plaisir. C'est très réconfortant de savoir qu'il y a des gens à la maison qui pensent à nous. Merci, merci et merci encore. Votre support est précieux!

Une chance qu'il y a le nescafé

Chaque jour depuis que je suis ici, je pense à Rodney, un des garçons avec qui j’ai fait Katimavik, et à cette fois où il nous a dit que dans la culture amérindienne les gens prennent la vie au jour le jour et tentent de faire de chaque jour un accomplissement. Ainsi, quand la journée se termine et qu’ils sont en mesure de dire : « Today is a good day to die » (aujourd’hui est une bonne journée pour mourir), ça signifie qu’ils sont fiers de ce qu’ils ont accompli dans la journée et que s’ils devaient mourir à ce moment, ils le feraient de façon épanouie et noble. Ainsi, depuis que je suis ici, c’est de cette manière que je tente de prendre chaque journée qui vient.

Je peux vous dire que vraiment hier, it was a good day to die! La journée a été très bonne et s’est terminé de façon splendide. En fait, depuis quelques jours, je retire un peu mon bonheur du malheur des autres ou, j’essaie de prendre le côté positif des choses? Je m’explique. Le papa de Mariam (la femme chez qui j’habite) est malade donc il est venu chez sa première femme (la maman de Mariam) pour être plus près des soins hospitaliers que dans la brousse où il habite avec ses deux autres femmes. Depuis qu’il est là, les enfants viennent tous le visiter et j’ai ainsi la chance de discuter avec eux. Donc vraiment, je souhaite qu’il se porte mieux très vite (quoique le médecin hier lui a dit que c’était sans doute le VIH, il doit passer le test aujourd’hui donc…), mais en attendant, je profite des opportunités.

Bref, hier deux des garçons étaient en visite et nous sommes allé échanger avec Mariam, une autre sœur et Omar (le jeune étudiant qui habite dans la cours) au maquis (petit resto / bar / terrasse) et j’ai vraiment eu pleins de conversations super pertinentes et intéressantes. C’est ainsi que j’ai appris que le président du Burkina Faso, avant dernier pays le moins développé au monde, était plus riche que notre cher Stephen Harper et que le président Chirac en France. C’est fou la corruption qui règne ici. Tout est corrompu ici, imaginé le président est au pouvoir depuis 20 ans. Quand il y est entré, après avoir fait assassiné le président de l’époque, le révolutionnaire Thomas Sankara, en 1987, il a tenu des élections qu’en 1993, 6 ans plus tard! Avant, il s’était lui-même proclamé président! Et par la suite, bien sur, la corruption l’a gardé au pouvoir jusqu’à aujourd’hui. C’est un peu désarmant de voir à quel point nous ne pouvons rien contre tout ce qui se passe à ce niveau.

Malheureusement, aujourd’hui la journée a commencé un peu moins bien. Encore une fois, j’ai pensé à un moment pendant Katimavik, mais cette fois, ça concernait mon cher frère, Patrick. En effet, quand Patrick est venu me visiter à Terre-Neuve pendant Katimavik, un jour nous sommes allés prendre un café et Patrick m’a fait comprendre que je m’emportais beaucoup trop facilement lors de discussions de groupe, que j’étais trop impulsive et que je devais apprendre à être plus posée. Depuis ce jour, chaque fois que je me laisse emporter, j’ai une pensée pour lui et j’essaie de me détendre. Or, depuis que je suis au Burkina, j’ai l’impression de soit avoir fait des progrès immenses ou soit mon frère aurait beaucoup de boulot sur les bras avec les gens ici.

Les gens ont le tempérament CHAUD, même moi, ça m’épuise! Les gens crient c’est incroyable. Ainsi, si quelqu’un veut parler à une autre personne, jamais ils ne se lèveront pour aller lui parler. Ils restent où ils sont et crient tant et aussi longtemps que l’autre ne vient pas les rejoindre ou ne leur répond pas et ils s’emportent s’ils n’ont pas de réponses. Donc, même si seulement deux personnes sont réveillées à 5h le matin, s’ils veulent se parler et qu’ils sont à deux extrémités de la cours, ils se crient après au lieu de bouger.

Aussi, les gens ne se mêlent pas de leurs affaires, dimanche, je suis allée au marché avec Mariam pour vendre notre production d’anacardes. Sur la route vers le marché, nous avons croisé un petit attroupement de personnes. Un jeune homme avait accroché une dame avec sa moto et toute sa poterie était maintenant tombée et cassée. Et bien devinez quoi! Bien sur Mariam s’est arrêtée et s’est mise à GUEULER en djoula. Je ne sais même pas ce qu’elle disait, mais je peux très bien comprendre qu’elle ne se mêlait pas de ses affaires. Pendant 15 minutes, elle a suivi les gens pour leur gueuler après. Non, mais de quoi tu te mêles. Je me sentais super inconfortable.

Ce matin, ce fut le comble! Dimanche, la journée du marché, j’ai dit à Mariam que je lui offrait un moustiquaire (le mien est une place seulement et le sien est troué partout…résultat je me fais piquer et je ne veux pas le palu donc…) Ainsi, nous sommes allées ensemble en acheter un. Nous sommes allé voir une dame qu’elle connaît et lui avons bien expliqué que nous voulions une moustiquaire double. Le soir, une fois à la maison, quand j’ai tenté d’installer la moustiquaire, surprise, c’est un simple! Donc je le dis à Mariam. Bleue, elle s’empare du moustiquaire et part chez la dame pour l’engueuler. Ok, c’est un peu justifié (peut-être pas aussi intense mais bon..)

Alors tout ça se déroule dimanche. Lundi, elle parle encore du moustiquaire et dit qu’ils en ont commandé un dans la capitale parce qu’il n’y en a pas ici et blablabla. OK

Ce matin…6h!!! MARIAM, MARIAM, MARIAM. On crie pour la réveiller. Je me tourne de bord et la laisse se lever. Le spectacle commence. La dame qui lui criait après était la dame du moustiquaire venu l’engueuler. Je ne sais pas pourquoi, je ne comprends pas le djoula encore, mais je comprends moustiquaire. Elles se sont époumonées, ont gueulées à en fendre l’air pendant 1h!!!!!!!! 1h vous imaginez!!! POURQUOI? Je ne comprends vraiment plus rien! Tout ce que je sais, c’est que mon dieu que je ne suis pas prime comparé à eux Patou!

Bref, je ne sais pas pour vous, mais se faire réveillé ainsi, ce n’est pas vraiment un bon début à la journée. J’ai vraiment de la difficulté avec cet aspect de la culture ici. Heureusement, en arrivant au bureau les dames étaient toutes de très bonne humeur et Assetou m’a même fait un petit nescafé bien sucré (comme tout!) alors il y a de l’espoir!



Ah oui! Julie, j’ai pensé à toi hier. Quand nous sommes allé au maquis, j’étais en pyjama et oui, j’ai bu une guiness à ta santé!

lundi 2 juin 2008

Beaucoup de choses...

Alors encore une autre semaine. Elle a été bien remplie croyez moi!

Ainsi, le dimanche, j’ai tenté de faire ma première lessive entourée de Burkinabé. Toutes les dames se sont bien assurées de me dire sans cesse : c’est propre ça?!?

Oui???

Bien sûr quand je leur demandais de me montrer, elle me disait simplement tss tss.

Pas facile!

Ensuite, il y a eu une bonne pluie, belle occasion pour dormir un peu et lire. Chose certaine, quand il pleut ici, il pleut! Ce n’est as très long, mais c’est intense! En plus pendant que j’étais couché, il y avait de fines gouttes qui tombaient sur moi. Rafraîchissant!

Par la suite, le boulot a vraiment débuté cette semaine. J’ai pu me rendre utile avec tout le monde au bureau en leur apprenant plein de petits détails sur l’ordinateur ou en faisant des petites tâches. Bien vite, j’ai gagné leur confiance si bien que deux jours durant quand tout le monde était débordé ou en réunion, c’est moi qui a gardé le bureau. Ouf pas facile de prendre les messages avec les noms de famille incompréhensibles. Je suis vraiment contente, tout le personnel est fantastique avec moi.

J’ai aussi passé un peu de temps avec ma mère d’accueil pour mieux comprendre la transformation des anacardes. Ainsi, j’ai frit les anacardes pour sa production de la semaine. Maintenant je comprends pourquoi on dit que seulement quelques noix de cajou équivalent à un steak en calories. C’est de la friture pure et nette! Maman et papa vous allez vous boucher les artères!!!

C’était très intéressant. Elle m’a beaucoup appris déjà. C’est aussi là que j’ai un peu mieux compris ses conditions de vie. J’ai découvert que j’habitais chez l’une des 3 milliards de personnes qui survivent avec moins de 2 $ par jour. On peut dire que ça permet de se sentir un peu plus près de Dorothé.

Qui est Dorothé? Dorothé, c’est un personnage qu’Ingénieurs sans frontières utilisent pour personnifier la pauvreté. Ainsi, une Dorothé c’est une dame qui survie dans la pauvreté extrême. Dorothé, c’est la personne à qui je pense quand je ne sais plus pourquoi je suis ici. Dorothé, c’est elle que nous tentons d’aider.

Cette semaine, j’ai aussi aidé ma maman d’accueil à se faire une étiquette pour les noix de cajou qu’elle vend. Ensuite, je suis allé à Bobo aller-retour mardi et mercredi. Un voyage qui s‘est avéré plutôt inutile point de vue professionnel immédiat, mais qui m’a permis de comprendre beaucoup plus sur les besoins de mon homologue. Je vais devoir l’aider avec son sens de l’organisation!! Cependant, j’ai tout de même eu la chance de rencontrer Boris (mon coach) ce qui a été très utile!

Sinon, au bureau c’est un peu la folie. En fin de semaine, c’était les journées de l’anacarde et de promotions du manioc, donc ça n’a pas arrêté ici! J’ai bien appris sur l’anacarde le vendredi lors du forum qui a donné un peu l’état des lieux de l’anacarde et du manioc (le manioc est un tubercule géant, un peu comme la pomme de terre mais trente fois sa taille!). C’était vraiment pertinent pour moi, j’ai compris un peu plus les difficultés auxquelles les producteurs et transformateurs doivent faire face. Seulement 10% de la production de l’anacarde est transformé ici au Burkina, tout le reste se passe en Inde pour la plupart. Il est nécessaire d’essayer de palier à ce problème pour aider le Burkina à se développer!

Sinon, le samedi et dimanche, je n’ai pas assisté autant que je ne l’aurais souhaité aux différentes activités. La famille m’a demandé son aide pour cuisiner et vendre la production d’anacarde au marché le dimanche (tellllllllement trop de monde pour moi, c’est fou!!!). J’ai tout de même eu la chance d’aller discuter avec quelques producteurs et transformateurs. Yé!

Ah oui! Le vendredi soir je suis allé voir une manifestation culturelle aussi. C’était intéressant de découvrir la danse, la musique et le théâtre burkinabé. Malheureusement, je n’ai rien compris de la pièce parce que tout était en djoula L

La fin de semaine a été vraiment bien point de vue familiale. Le papa est malade et doit subir une intervention aujourd’hui à bobo (non, non ce n’est pas la partie bien). Ainsi, plusieurs des frères et sœurs sont venus pour le visiter. Nous avons donc eu plein de conversations vraiment intéressantes. Même un débat sur l’excision (la mutilation du clitoris). J’ai été surprise d’apprendre que l’argument que le papa tentait d’utiliser pour me convaincre était que quand les femmes devaient marcher pendant des kilomètres, le clitoris leur faisait un mal immense et que d’ainsi le couper leur permettait d’éviter de souffrir. Bien entendu, je n’ai pas osé confronté une personne âgé, ainsi je l’ai seulement écouté, mais j’ai trouvé fascinant de voir qu’il avait trouvé cet argument pour simplement caché que tout ce que l’homme veut vraiment avec l’excision c’est enlevé le plaisir sexuel à la femme et ainsi s’assurer de sa fidélité.

J’ai aussi finalement pris part au rituel de la prise du thé hier. Deux fois! C’est quelques heures chaque fois! J’ai beaucoup échangé avec les frères à Mariam (la dame qui m’accueille) et le jeune homme qui loue une case pendant qu’il étudie. Nous avons parlé des différences entre le Canada et le Burkina. De religion…ouf ici elle dicte tout! C’est vraiment très bien. Je commence à aimer mon nouvel univers.

Je sais que je m’éternise, mais je veux terminer sur la description de la soirée d’hier. Je préparais le souper dehors quand soudainement le vent s’est levé. Un vent incroyable. Si bien qu’un morceau de tôle quand même grand m’a volé dessus. Bien vite tout le monde s’est dépêché pour tout rentré dans la maison et bien vite, la maison s’est remplie de sable. Puis, la pluie a commencé, sur un toit de tôle, tout est amplifié! Met c’était le vacarme et on pouvait apercevoir le ciel qui s’éclairait sans cesse avec les éclairs. Puis, le calme total. Tout semblait tellement en paix, au ralenti. Je suis allé m’installer dehors avec l’étudiant, assis là simplement en silence. C’était comme si le monde venait de s’arrêter. Un oncle et une tante sont venus nous rejoindre et on a commencé un autre thé. Puis toutes les tantes, nous avons mangé ensemble. Après le deuxième thé, soudainement, le vent a repris, le ciel a recommencé à gronder et les éclairs à éclairer le ciel. Nous sommes donc rentré pour le dernier thé. J’avais l’impression d’être tellement minuscule dans l’univers, mais à la fois tellement bien.

Voilà, je vous quitte sur ça…

jeudi 29 mai 2008

Photos













Alors un blog photos !!
Ma maman d'accueil en train de transformer l'arachide.
Les noix de cajous que j'ai moi-même transformé!!
Ma case (maison)
Le grenier et une autre partie de la cours avec quelques personnes de la famille
La cuisine / salon / salle de rangement pour les vélos et moto
Mon vélo dans la cuisine
Le lit que je partage avec la maman et le petit de 8 ans
Le burkina vu des airs quand nous sommes arrivées
Des montagnes de mangues au marché de fruits de bobo
Mes petits rayons de soleil x 2
La douche et la toilette. Bref des murs de briques qui cache pendant que tu te laves à la débarbouillette et la latrine... ben simple un trou! Comme vous pouvez voir c'est pas trop haut donc une fois à l'intérieur les gens nous voit les épaules et la tête (vive ma petitesse... les plus grands, on en voit plus)
Voilà je donne plus de nouvelles bientôt!!


samedi 24 mai 2008

Oh le moral est de retour!!!

Salut à tous!

Je ne veux surtout pas vous faire peur avec mon blog. C'est vrai que le moral était très moyen quand j'ai écrit mon dernier blog. Mais justement, de l'extérioriser m'a permis de beaucoup mieux me sentir. Désolée, vous avez un peu joué le rôle de psy pour moi. Alors pas de panique, je ne suis pas traumatisé, je vais très bien même!

Comme promis, le service comme les Burkinabés l’appellent. Alors il y a eu plusieurs changements depuis mon départ du Canada et l’idée que je m’étais faite de mon placement. Qu’est-ce que je fais vraiment? Alors je travaille bel et bien avec Franck Sanou comme homologue. Franck est un jeune homme de 25 ans qui travaille pour le PAMER (un programme d’appui aux micros entreprises). Or, la première phase de ce projet se termine cet été, ce qui veut dire que Franck se retrouvera sans emploi. Cependant, il est un excellent conseiller en entreprise et souhaite s’ouvrir à son propre compte à travers L’AJPEE (ou quelque chose comme ça, je suis nul en acronyme, mais un truc pour les jeunes avec un esprit d'entreprise) . Pour ce faire, Franck a besoin d’un peu de développement personnel. C’est donc là que j’entre en ligne de compte. Je suivrai Franck dans ses déplacements et rencontres et tenterai d’identifier avec lui ses besoins et nous ferons par la suite du développement de capacités. Toutefois, tout mon travail ne se limite pas à ça. J’ai en effet un bureau au CRA (chambre régionale d’agriculture) où je tenterai aussi de donner mon petit coup de pouce en donnant des formations en informatique et en faisant un peu de traduction aussi entre autres. De plus, tout au long du projet, j’aiderai Boris (mon coach volontaire long terme) dans son travail sur la filière anacarde (noix de cajou). Les visites terrain que Franck et moi feront auront un intérêt spécial sur l’anacarde. J’effectuerai aussi sans doute un placement en village afin de travailler avec des transformatrices de l’anacarde pour essayer de mieux comprendre de l’intérieur pourquoi elle refuse constamment de passer à la technologie et n’arrive pas à se développer. Ainsi je passerai les premières semaines sur la route dans la région de Banfora avec Franck et au bureau afin de m’informer sur l’anacarde et de cibler mon travail avec Franck. Par la suite j’effectuerai sans doute mon placement avec les transformatrices avant de retourner à Bobo-Dioulasso pour le mois d’août pour le travail final avec Franck et la rédaction de rapports et de recommandations sur l’anacarde. Voilà un peu mon travail. Il va sans doute changé au fil du temps, mais c’est l’idée que je m’en fais pour le moment. Les premiers jours ont été très enrichissant et m'ont déjà permis de découvrir deux petites communautés.

Maintenant, la vie de famille. J’habite avec une dame (28 ans) et son fils dans une petite case de deux pièces (la chambre et la cuisine/salon/salle de lavage/rangement/tout). La case se trouve dans une cours avec trois des sœurs de la dame, la vieille (la maman) et un cousin. Il y a aussi trois petits enfants, des dizaines de poules, coqs, ânes, chèvres, chiens, chats, etc. Il y a même parfois des bœufs et des moutons qui passent par là. Il n’y a pas l’électricité ou d'eau à la maison et les latrines/douches sont celles ou quand tu es debout ta tête et tes épaules dépassent. C’est un peu étrange de se dévêtir pour se sceaué (la version douche africaine) tout en regardant les personnes dans la cours. Les enfants du voisinage se plaisent bien à m’appeler toubabou (blanche) ou tanty (tante) et à me toucher partout tellement ils n’en reviennent pas que je suis réelle. Le deuxième soir, j’ai sorti mon frisbee et j’ai fait un malheur. J’avais soudainement 20 amis! La case est bien habitée par les souris, chauve-souris, cafards, fourmis, araignées et centaines d’autres espèces non identifiés. C’est un peu comme faire du camping. J’aime bien. La nourriture est bien. J'ai fait le chili pour eux aujourd'hui. Ils voulaient que je cuisine, pas facile de trouver les ingrédients ici disons. Le petit n’aime pas le tô alors la maman s’efforce pour faire autre chose. D’ailleurs cette maman, elle est transformatrice d’anacarde. Je dors avec la maman et le petit dans le seul lit de la maison. Le petit bouge tellement. Je me fais foutre une volée chaque soir. Coup de genou dans le ventre, coup de coude dans l'oeil et j'en passe. Ils sont des gens bien sympathiques et je tente tant bien que mal d’apprendre un peu de djoula pour pouvoir communiquer avec la vieille. Vraiment, c’est l’expérience africaine à souhait.

Je crois que je suis finalement en train de trouver un peu ma place ici et à m'y plaire. Je me suis ahetée un vélo et c'est comme ça que je me trimbale. ça aide beaucoup à l'intégration!

Souriez!

vendredi 23 mai 2008

Banfora

Alors l'arrivée à Banfora n'a pas été aussi que je ne l'aurais souhaité. La petite ville est vraiment bien. Je m'y plait beaucoup. De tout, mais un peu moins de tout ce que je n'aimais pas ailleurs (pollution..). La première journée, nous avons rencontré mon superviseur M. Sombié de la CRA (centre rural d'agriculture). La chaleur était vraiment pesante et je me suis même tapé mon premier PETIT coup de soleil. La journée allait très bien. Les discussions avec Boris sur le bus était très intéressante et j'étais fasciné par toute la verdure.

Malheureusement, les choses se sont un peu gâtées par la suite. Premièrement, nous avons passé à côté d'une petite école primaire. J'étais toute heureuse à l'idée d'entendre des petits...cependant j'ai bel et bien entendu des cris, mais ce n'était pas des cris de joie. Un petit pleurait à s'en fendre l'âme tandis qu'on entendait les coups de fouet s'abattre sur sa peau. Mon coeur s'est littéralement déchiré à ce moment. Je sais bien que c'est pratique courante ici, mais on ne peut jamais vraiment s'y faire à l'idée, du moins pas moi.

Par la suite, nous sommes allés rencontré ma future famille. J' ai été très surprise par la tournure des évènements. Je ne croyais pas que tout allait se passer si vite. On m'avait toujours dit que le processus allait prendre quelque temps. Le temps nécessaire pour que je trouve une famille avec laquelle je me sentais à l'aise. Or, le tout s'est fait là et j'ai emmenagé immédiatement. Je suis encore en processus de réflexion à cet effet. Je ne sais pas trop ce qui va se produire. Je vous tiendrai au courant.

Le temps file et je n'ai toujours pas parlé du service (le travail). Prochain blog, promis!

lundi 19 mai 2008

Un premier aperçu de l'afrique!

Ouf tellement de choses se sont passées depuis mon départ. Premièrement, la session de formation à Toronto la semaine dernière a été extrêmement riche en apprentissage. Nous nous sommes beaucoup questionné sur le développement et tous les systèmes qui l'entourent. Nous avons aussi eu la chance d'échanger avec quelques personnes qui ont déjà été outre-mer, le rêve est graduellement devenu de plus en plus réalité.

Notre départ pour le Burkina a été devancé un peu, ainsi au lieu de partir le jeudi, nous sommes partie le mercredi. Le voyage s'est très bien déroulé. Nous avons fait une escale à Paris puis à Niamey au Niger. Un premier petit...le Niger, c'est SEC. Que du désert soudain. Wow! C'était comme soudainement être dans un film. Puis, finalement, le Burkina, Ouaga. Déjà beaucoup plus vert que le Niger. Après les douanes, le temps était venu d'y tremper pour vrai cette fois.

Tout était tellement différent. L'odeur. Les couleurs. Les sons. Les images.

Nous nous sommes installés à une mission religieuse le temps de la formation au pays. Le grand confort pour l'Afrique. Encore des douches et des toilettes. Nous y avons rencontré la plupart des volontaires long terme, nos coach. Nous avons été initié à la nourriture Burkinabé et nous avons fait nos premiers pas au marché. Fred est soudainement devenu mon mari! J'ai acheté mon premier habit et je me suis loyalement fait avoir...on apprend!!

Le choc a commencé un peu. J'ai compris hier sur la route entre Ouaga et Bobo-Dioulasso ce qui me troublait depuis mon arrivée au Burkina. La pauvreté ne m'affecte pas autant que je ne l'aurais cru, ce qui me dérange vraiment, c'est la mauvaise intégration de la modernité à ce traditionnalisme.

Hier, je suis pqssée de la grande ville hyper pollué mais à la fois tellement dépourvu aux petits villages avec les vrais huttes pour atterir à Bobo. Une ville encore, mais tellement mieux. eaucoup moins agressive et pollué. Je suis beaucoup mieux ici. J'y suis qvec Boris, mon coach; Alanna, sa copine (qussi volontaire); Fatou et Judit (deux autres stagiaires). Aujourd'hui, j'ai rencontré mon homologue Franck. Il semble être un gars super. J'ai bien hâte de voir un peu plus mon boulot. Je pars demain pour Banfora ou tout commence pour vrai!

Je vais vous donner un peu plus de détails sur le travail bientôt. Je devrais être souvent sur le terrain qvec les producteurs et les transformateurs.

*Bonne fête en retard Mimi! J'ai pensé à toi le 16, mais je n'ai pas eu le temps de t'écrire.

Bonne journée!

vendredi 16 mai 2008

Au Burkina

Arrivee! Enfin La semaine de formation a ete extremement enrichissante et nous avons finalement pose pied en terre burkinabe hier Je vais prendre le temps decrire un vai blog quand je serai un peu plus installe. En attendant un mot: Magique

lundi 5 mai 2008

Où est le Burkina? Voilà!

Et Banfora, plissez-vous un peu les yeux. En bas à gauche, vous devriez le trouver!




Allez hop...on embarque!

Ingénieurs sans frontières (ISF)

Je vous vois tous avec vos sourcils en forme d’interrogation, me regardant gentiment et me disant: C’est quoi le rapport, t’étudies pas en éducation toi?

Eh oui! L’éducation, c’est justement ça qui m’a amené vers ISF. J’ai commencé à m’impliquer avec ISF à l’automne 2006 à travers les sensibilisations dans les écoles secondaires (SES). J’avais le goût de passer encore plus de temps avec les jeunes et en plus, ISF me permettait de le faire tout en parlant de sujets qui me touchent énormément, à commencer par la problématique d’accès à l’eau potable. J’ai goûté à ISF et je n’ai pas été capable de m’en défaire. J’avais réussi à trouver un organisme qui me rejoignait en tant que personne à Sherbrooke, le bac commençait bien!

Puis l’automne 2007 s’est pointé et la petite Val avait besoin de nouveaux défis. Les SES étaient encore là et me faisaient toujours autant vibrer, sinon plus, mais les autres projets d’ISF commençaient à m’interpeller drôlement. Un coup de tête, quelques formulaires de remplis et une entrevue de sélection plus tard, on m’a appris que j’étais l’une des deux stagiaires courts termes pour Sherbrooke à l’été 2008.

Me voilà donc embarquée dans le bateau fébrile et trouillarde à la fois. Il n’y a plus de retour en arrière, le grand départ se fait dans 3 jours!

C’est bien beau tout ça, mais vraiment, qu’est-ce qu’ingénieurs sans frontières?

ISF, c’est un jeune organisme qui a été fondé en 2000 par deux ingénieurs de la région de Toronto. Depuis, il y a eu des petits! En 2008, ISF Canada compte 25 sections universitaires et 5 sections professionnelles à travers le pays. Toutes ces personnes croient en la mission d’ISF et tentent dans leurs gestes au quotidien de contribuer à son accomplissement. Mais quelle est cette mission? ISF a pour mission de promouvoir le développement humain en donnant accès à la technologie appropriée. Ainsi, ISF croit que la pauvreté n’est que le résultat d’un manque d’opportunités et veut tenter d’enrayer la pauvreté mondiale.

Pour ce faire, ISF travaille dans deux volets principaux. Premièrement, un nombre d’efforts inestimables sont mis dans la sensibilisation ici même au Canada. Les différents sections organisent constamment des ateliers sur des problématiques mondiales et tentent de sensibiliser autant les jeunes du secondaire et les universitaires que le grand public. Deuxièmement, ISF envoie des volontaires gradués universitaire long-termes (12-36 mois) et des volontaires en cours d’études universitaires court-termes (4 mois) dans quatre pays Africains (Burkina Faso, Ghana, Malawi, Zambie) pour y faire du développement humain.


Maintenant, pourquoi avoir choisi ISF?

Parce que je crois en leur approche. Ainsi, ISF n’envoie pas seulement des petits occidentaux qui prétendent tout savoir en terre africaine. ISF s’efforce plutôt de jumeler les stagiaires avec des organismes locaux déjà existants et d’aider les membres de ces organismes à développer leur plein potentiel. Je crois pertinemment qu’une telle approche favorise l’échange d’expertise entre les deux parties, ce qui rendra l’expérience tout autant enrichissante pour moi que pour eux.

Et moi, qu’est-ce que je ferai exactement?

Je serai dans la petite ville de Banfora, dans le sud-ouest du Burkina, à environ 90km de Bobo-Dioulasso. Le coin un petit plus touristique du Burkina grâce aux pics de Sindou, aux cascades et aux hippos. C’est aussi un coin un peu plus humide où la production de fruits et légumes est apparemment plus importante que dans le reste du pays.

Je travaillerai avec deux organismes locaux pendant mon séjour là-bas. Tout d’abord, je travaillerai avec le Bureau d’appui à la Micro-Entreprise (BAME) qui a pour mission de contribuer au développement économique de la région du sud-ouest du Burkina Faso par le développement de la petite et moyenne entreprise. Plus précisément, mon travail sera orientée vers un projet actif au BAME, soit : la réalité de vie des producteurs de la filière anacarde* (c’est-à-dire influencer et coordonner les actions des différents intervenants sur la filière anacarde au Burkina Faso).

* L’anacarde est ce que nous appelons communément la noix de cajou ici.

Aussi, je travaillerai avec l’Association des jeunes pour la Promotion de l’Esprit d’Entreprise (AJPEE). Avec l’AJPEE, j’aurai un projet spécifique, soit : le développement personnel mutuel avec un conseiller en entreprises qui tente d’établir un centre de ressources capable de donner des services privés de développement de l’entreprise aux jeunes entrepreneurs de sa région.

Alors voilà ma réalité. Je m’apprête à sauter à pieds joints dans ce nouvel univers dans un peu moins de trois jours déjà. J’ai hâte d’apprendre, hâte d’être confronté à moi-même et de grandir à travers tout ça. Je suis aussi remplie de craintes, il n’y a pas de doute là-dessus. Je sais que je serai débosselée et que mes valeurs profondes seront confrontées. On me parle bien souvent des difficultés physiques auxquelles j’aurai à faire face. C’est bien certain que je ne souhaite pas être malade toute la durée du périple, mais pour moi, tout cela n’est qu’une infime partie de cette aventure. Le grand défi demeure psychologique et intérieur.

On me demande souvent ce qui me pousse à me mettre à l’épreuve comme ça. Les mots ne peuvent pas l’expliquer. C’est dans mes trippes. C’est ce qui me fait avancer, ce qui me fait sourire, me fait vivre. C’est ce qui me rend heureuse. Allez hop…on embarque!