mardi 29 juillet 2008

Petite vie tranquille

Alors je vous en fais un parce que vous en redemander!

Les derniers jours ici ont été assez tranquilles. Je me suis bien remis doucement de ma fièvre typhoïde et j'ai essayé de boucler un peu la boucle à Banfora.

En fait, j'ai quand même eu la chance de faire quelques trucs vraiment sympas, mais c'était disons un peu plus touristique que du développement. J'ai tout de même presque complété la visite de pas moins que 50 micro entreprises pour faire une évaluation des appuis qu'ils ont reçus et aider à mieux formuler la deuxième phase du projet.

Sinon, allez, je vous conte le côté touriste!!

Bon un, les bébittes sont sorties ici! Donc, ma famille se donne un malin plaisir à m'en faire manger! Je peux vous dire que les termites c'est très bon, mais les chenilles, ça ne passe pas pour moi!

Deux, j'ai finalement eu ma dose de musique un peu. Des percussions, j'en ai entendu à la tonne dernièrement et vraiment, je n'arrive pas à me tanner! (Kathy Sue, I thought a lot about you girl!) Mon djembé est aussi en processus d'assemblage juste pour moi! J'en suis bien heureuse!

Aussi, je suis allé visiter la famille d'Oumar (l'étudiant qui habite dans ma cours) et j'ai finalement eu la chance de goûter au banji, une boisson qu'on va cueiller dans le rônier (un arbre type palmier). Le matin, c'est comme du jus, puis au fur et à mesure que la journée progresse, ça fermente et ça devient de l'alcool. J'en ai bu vers midi et honnêtement, je ne voudrais même pas essayer le soir! C'était intéressant de passer du temps au village et de voir où Oumar a grandi. Ensuite, nous en avons profiter pour aller voir les pics de Sindou comme son village est tout près.

Wow! Finalement une petite rando! ça fait du bien ça mes amis! J'avais besoin de grouiller! C'était très joli! Nous nous sommes fait prendre par la pluie, mais nous sommes allé nous abriter et puis nous sommes revenus. J'ai pensé à tous ces gens que je connais qui sont des accros de la grimpe et j'aurais aimé que vous soyez là avec moi pour pouvoir vous amuser un peu! Les pics c'est simplement plein de pics rocheux au milieu de la vallée. Tu roules, puis bang! Les voilà, un peu comme quand tu arrives dans les rocheuses en Alberta. C'était vraiment agréable à voir!

Sinon c'est ma dernière semaine à Banfora, je déménage ce dimanche pour Bobo où je vais passer les trois dernières semaines. Je tenais donc à faire un bon repas pour tous les gens de ma cours pour les remercier de leur accueil, c'est hier que ça s'est produit! Je leur ai fait plein de légumes, des patates et du poisson sur le feu! Comme en camping! Un immense luxe pour eux mais vraiment pour moi avec 15 dollars, j'ai nourri 15 personnes, pas trop mal quand même!

Ils ont beaucoup aimé et semblaient très reconnaissants!

Je commence à dire mes aurevoirs, j'ai le coeur un peu gros quand même. J'ai connu des gens fantastiques ici. Nos chemins se sont croisés et maintenant, il est le temps pour moi de poursuivre ma route. Bientôt cette dernière me ramenera auprès de vous tous, et ça aussi, j'ai bien hâte. Je dois avouer que mon petit monde me manque un peu.

dimanche 20 juillet 2008

Un petit tour d'horizons

Tres dsl pour larrangement des photos

Je vous délaisse! C’est fou comme le temps file en terre burkinabé! Dans deux semaines déjà je quitterai ma petite vie de Banfora pour aller m’installer à Bobo pour le dernier mois.

Alors qu’est-ce que je deviens? Tout d’abord, il y a eu mon placement à Orodara. L’objectif de ce placement était de mieux comprendre les réalités des transformatrices d’anacarde et d’essayer de démystifier pourquoi le matériel fourni par différents programmes d’aide demeuraient inutilisés par les dames et pourquoi ces dernières continuent plutôt à faire le travail avec la méthode traditionnelle.

C’est avec cet objectif en tête et l’envie d’apprendre que je me suis dirigée vers cette petite commune. Une fois arrivée sur place, il a été convenu que j’habiterais avec la présidente du groupement des transformatrices d’anacarde d’Orodara. Sur le plan personnel, cette expérience a été extrêmement enrichissante. À la maison à Banfora, la dame avec qui je loge n’aime pas cuisiner. Résultat, après deux mois, je n’avais toujours pas pu apprendre à cuisiner à l’Africaine et vraiment manger les plats traditionnels. Ma chance était arrivée! Pendant toute la durée de mon séjour, j’ai pu non seulement déguster la véritable cuisine d’ici (qui soit dit en passant peut être délicieuse), mais j’ai aussi eu l’occasion d’apprendre à préparer! J’ai bâti une belle relation avec Adja, la fille de 18 ans de Mme Coulibaly, et elle m’a montrée comment être une femme au Burkina haha! J’ai finalement connu les secrets de la lessive!

Voici mes deux formatrices : Adja et Tené sa meilleure amie!

Elles ont toutes les deux 18 ans et profites des vacances scolaires pour faire la transformation de l’anacarde quand elles ont le temps à travers toutes les tâches ménagères! Je crois qu’avec elles, j’ai réussi ma mission de bâtir une bonne relation avec une femme, chose très difficile ici, mais extrêmement intéressante pour les discussions.

Bien entendu, mon séjour là-bas a représenté beaucoup plus que cela! J’ai eu la chance d’aller rencontrer un nombre impressionnant de transformatrices et de vraiment mieux comprendre toutes les étapes de la transformation. J’ai aussi commencé à lever le voile sur les secrets bien gardés de l’inutilisation des machines! Cependant, c’était un peu difficile puisque bon nombre des femmes ne parlaient pas français et mon dioula se résumant aux salutations et un peu plus, l’interprète était nécessaire. Toutefois, je crains qu’il eut s’agit d’un intermédiaire qui transformait un peu la réalité. Ah moi et mon dioula!

En bref, les problèmes des femmes d’Orodara et de Dieri (le village voisin où littéralement toute les femmes transforment l’anacarde ou les céréales) tournent autour du fait que peu d’entre elles ne parlent français et que le pouvoir est donc détenue par quelques femmes seulement qui sont malheureusement devenues corrompues et qui comprennent bien le pouvoir qu’elles ont! Les femmes qui reçoivent les formations et l’information nouvelle venant de programmes d’appui ne transmettrent pas nécessairement toujours aux autres femmes des groupements. Ainsi, elles peuvent devenir des intermédiaires qui n’ont même plus à faire le travail ardu de la transformation pour bien s’enrichir puisqu’elles possèdent les contacts. Elles peuvent donc utiliser les autres femmes qui elles ne font qu’exécuter et espérer avoir suffisamment pour manger. Un des aspects de mon travail sera entre autres d’écrire un rapport pour déplorer cette corruption et aider les programmes d’appuis futurs à mieux orienter leur support.

Maintenant je vous mets un peu d’images sur tout ça!

Tout d’abord, mes nouveaux petits

rayons de soleil, les petits enfants de

Mme Coulibaly qui habitaient avec nous!

Eh oui! Ils découvrent la technologie!

Mme Coulibaly elle-même

Une des transformatrices de Dieri qui est en train de faire la première étape de la transformation, soit le bouillage des coques dans de l’huile. Ainsi, l’huile des coques elles-mêmes, qui est extrêmement nocive et acide, est extraite. C’est d’ailleurs cette huile qui rend le mur noir. L’odeur qui se dégage pendant cette étape est terrible. Les femmes mettent leur santé en péril tous les jours. Quant à ses habits, ce n’est pas à cause de la transformation, mais plutôt parce qu’elle est musulmane.

Par la suite, les femmes doivent briser la coque des noix une à la fois avec un outil de métal. Ainsi, pendant des heures, elles sont assises sur un petit banc et elles brisent les coques. Ce travail est très nocif pour les mains puisqu’il reste plein d’acide sur les coques. Une fois qu’elles ont extraits les amandes, elles doivent les faire sécher au soleil pendant une journée avant de pouvoir enlever la fine pellicule qui les recouvrent et ensuite finalement les faire frire après les avoir séchés une deuxième fois.

Quand je dis nocif, c’est nocif! Regarder les mains de cette petite fille qui aident leur maman avec le décorticage (oui oui, j’ai moi aussi eu les mains comme ça pendant une semaine!)

La transformation de l’anacarde est très ardue. Les femmes doivent respirer pendant des heures de la fumée qui est loin d’être saine pour les poumons. Les risques de brûlures sont aussi très élevés comme elles sont appelées à travailler avec de l’huile brûlante toute la journée. Finalement leur peau est constamment brûlée par l’acidité des coques. Les petites commencent à travailler avec leur maman dès l’âge de 8 ans environ. Elles ont pour seul remède, pour le moment, de boire du lait après la transformation pour neutraliser l’acide qu’elles disent!

Voilà un peu qui fait le tour de mon placement à Orodara. Il y en aurait encore beaucoup à dire, mais il y a autres choses dont je veux parler. Dori!

Après le placement, c’était le temps d’aller à Dori pour rejoindre les huit autres stagiaires et faire le point à la moitié du placement. WOW! Une retraite ça donne de l’énergie!!! Je suis donc partie d’Orodara pour me rendre à l’autre bout complètement du Burkina, aux portes du désert du Sahel. Nous sommes arrivés sous la pluie avec des routes difficiles et résultat, le désert est beaucoup plus vert qu’on pense pendant l’hivernage!

Alors pendant presque quatre jours, nous nous sommes retrouvés pour échanger sur nos placements respectifs et nous aider à mieux orienter notre travail. Ça été très formateur d’avoir la perspective des autres sur notre travail et de pouvoir essayer d’aider les autres aussi.

Je montre celle-là spécialement pour la section. Vos trois de Sherbrooke! En effet, J-F (celui debout) est un stagiaire long terme de Sherbrooke, ici pour au moins un an. Laura-Jeanne est de la poly et intrus sur cette photo! Il y a moins et des petits restes des traces de mon accident de vélo sur mon épaule et Fred mon acolyte. C’était le début d’une session, ne vous inquiétez pas, on a un peu plus de sérieux que ça tout de même!

Comme vous pouvez voir, Boris (mon coach) a su provoquer les questionnements chez nous. Nous voilà pendant notre rencontre de secteur (Agriculture et Micro entreprise). Nous avons beaucoup réfléchit sur l’orientation du secteur et nous avons pu mieux orienter notre travail grâce à ça. Très intéressant comme session! (Bon ok, finalement, on était assez zen pendant les sessions!)

La retraite de Dori était aussi l’occasion pour nous d’avoir notre 24h officiel de touriste au Burkina et nous détendre! Nous sommes donc partie à dos de dromadaire pour aller dormir sur les dunes dans le désert du Sahel en fin de journée le dimanche et revenir le lendemain en matinée avant de se remettre au boulot.

Voici donc Judit qui avance calmement sur son dromadaire. Eh oui! Le désert est vert! En fait, ça ressemblait à un terrain de golfe immense. Il faut aussi souligner que nous étions à l’entrée du désert, pas dans la partie la plus intense disons!

Boris mon coach faisant un touareg de lui-même!








Un des dromadaires se faisant tout bonnement dorer au soleil! C’est très intéressant de faire du dromadaire, en fait, c’est un peu comme faire du cheval seulement avec encore quelques pieds de plus d’élévations. La vraie partie le fun, c’est quand ils se lèvent où se couchent, c’est un peu comme une mini montagne russe!

Nous voilà, les huit stagiaires court terme du Burkina en 2008 en compagnie de deux amis après notre nuit dans le désert, prêts pour une deuxième moitié de placement du tonnerre!

En effet, je suis revenue de la retraite extrêmement motivée avec une idée claire du travail qu’il me restait à faire. J’étais d’attaque et je voulais que tout roule à la vitesse de l’éclair. Le tout a très bien commencé avec mes visites dans les micros entreprises de ma province pour évaluer les appuis qu’ils ont reçus du PAMER (programme d’appui aux micros entreprises rurales). Vraiment, cette facette de mon boulot, je l’attendais depuis longtemps. C’est vraiment fascinant de rencontrer les petits entrepreneurs et de voir ce qu’ils arrivent à faire.

Malheureusement, parce que bien sur il y a un bémol, je suis tombé malade. Bon ok, ça faisait quelque temps que je couvrais ça, mais là j’ai dû agir. Fièvre typhoïde! 10 jours d’antibiotiques et de diète liquide! Ne vous en faites pas, c’est loin d’être grave. J’ai seulement mangé quelque chose quelque part qui n’avait pas bien été lavé ou qui avait été manipulé avec des mains sales. Ce n’est vraiment pas si pire, mais j’avais besoin de repos un peu. Mes activités ont donc été retardées par mon état de santé cette semaine et mon assiduité à mon blog aussi! Heureusement, les antibio font bien leur travail et je bien remise sur pied à la moitié du traitement. Je devrais donc être en mesure de poursuivre mes visites terrain cette semaine et de vous en parler bientôt. Pas de soucis, je prends ça molo quand même, ma santé demeure ma priorité numéro un!

Voilà un tour d’horizon de ma vie du dernier mois ou presque. J’espère vous avoir rassasié en info un peu. Bonne nouvelle aussi, le vieux de la maison a subit son intervention (finalement ce n’était pas le SIDA, mais le cancer de la prostate) et tout s’est bien déroulé. Il est revenu à la maison jeudi et s’y repose calmement en tentant de récupérer un peu.

Voilà, n’hésitez pas à me donner de vos nouvelles, ça donne toujours un petit boost d’énergie. J’ai hâte de vous voir et d’entendre de la musique de chez nous (mon mp3 est mort!)

vendredi 11 juillet 2008

Paroles de sage

Comme promis il y a longtemps... un peu plus sur ma discussion avec le vieux de la maison!

Dimanche soir, je rentre à la maison après une fin de semaine passée à Bobo-Dioulasso. Sur la route, déjà les enfants courent pour m’accueillir. Bien vite, je me retrouve avec trois d’entre eux dans mes bras et je me sens bien parce qu’on me reçoit avec joie. Je pars déposer mon sac dans la maison et quand je ressors, c’est le calme plat autour de moi. Tout le monde a disparu, les enfants sont repartis jouer. Paisiblement, il y a le vieux assis seul, sous le manguier. Le vieux, je ne le connais pas beaucoup. Il habite dans la brousse avec ses deux plus jeunes femmes. Depuis quelques temps, ses visites à Banfora sont plus fréquentes. Sa santé est fragile et il doit recevoir des soins. Je décide donc de profiter de l’occasion et d’aller discuter un peu avec lui.
Tranquillement, je vais m’asseoir sur la chaise vide qui est à ses côtés. Comme je m’installe doucement, il fixe le vide paisible et me dit : « Tu sais, l’Afrique n’est pas pauvre ». Le silence s’installe à nouveau. Si peu de mots, mais tellement de poids. Sereinement, un sourire apparaît sur son visage. Lorsque je me tourne vers lui, il a les yeux rieurs et me dit simplement : «L’Afrique n’est pas pauvre, mais l’Afrique est pressée». Légèrement, je lui demande comment, comment l’Afrique est-elle pressée? Pour toute réponse, il m’interroge :
- « Il y a toujours eu les tracteurs au Canada? »
- «Non, bien sûr que non. Il y a eu les charrues et encore avant les hommes utilisaient les outils à main»
- «VOILÀ! L’Africain veut sauter les étapes. L’Africain veut tout de suite s’occidentaliser, mais il oublie qu’il y a des phases à gravir.»
En quelques mots à peine, le vieil homme venait de m’expliquer ce déséquilibre qui me perturbait depuis mon arrivée.
Puis, le regard toujours souriant, il me dit : « Un homme qui a faim, ne peut se développer. Un pays qui a faim, ne peut se développer ». Je suis de plus en plus tourmentée par la justesse de ses mots. « Le travail au champs est difficile. Une fois que l’homme a connu autre chose, il ne veut pas retourner aux labeurs ardus de l’agriculture » me raconte-t-il. Puis, avec une fierté palpable, il me dit : «J’ai dix-sept enfants et trois femmes. Aucun d’entre eux n’a jamais connu la faim!»
«Trente-deux ans. Pendant trente-deux ans, j’ai cultivé la terre. Pendant trente-deux ans, j’ai servi l’état en formant mes pairs ». C’est ainsi que M. Sirima m’explique qu’il est important de commencer le travail à la base et que cette base, c’est l’agriculture.
À ce moment, l’espoir venait de renaître en moi. À ce moment, j’ai moi aussi cru au potentiel du Burkina Faso. À ce moment, le vieux m’a introduit à un proverbe africain, « Quand quelqu’un te lave le dos, laves toi au moins le visage». M. Sirima ne le savait sans doute pas, mais il venait tout juste de justifier toutes mes croyances, il venait de renforcir mes valeurs face au développement humain. Encouragée, je lui ai donc demandé ce qu’il croyait de mon projet. Rayonnant, il m’a dit : « Vous avez compris. C’est de votre expertise dont nous avons besoin pas de votre argent ».
Il y a des jours excessivement difficiles ici, des jours où un rien me fait baisser les bras. Heureusement, il y a aussi des jours comme cette soirée du 15 juin. Ce soir là, j’ai vue l’espoir briller dans le regard d’un homme. Ce soir là, j’ai aussi compris ce que l’on entendait par la sagesse des aînés africains. Depuis, chaque matin, je me réveille en me répétant les mots de M. Sirima : «L’Afrique n’est pas pauvre » et chaque matin je crois encore plus fort au potentiel de ces habitants.

jeudi 3 juillet 2008

Il y a longtemps

Bonjour à tous!

Je suis en transition entre mon séjour à Orodara et la retraite à Dori. J'ai plein de choses à vous raconter. Je vous reviens la semaine prochaine, mais en attendant, je vous fais part d'une journée importante qui s'est déroulé juste avant mon départ de banfora.

Je pense très fort à vous!

Une visite très intéressante!

Alors samedi, bien que le plan original était d’aller à Bobo-Dioulasso pour le festival de la musique comme je le souhaitais tant, une opportunité en or s’est présentée à moi. Je ne pouvais certainement pas refuser!

Comme vous en avez sans doute entendu parlé, il y a une crise alimentaire mondiale. Un des impacts important est la hausse du coût de la nourriture. De plus, il y a une crise dans le monde de la production du riz. Au Burkina en l’espace d’à peine six mois le kilo de riz est passé est de 200Fcfa à 425Fcfa. Comme les Burkinabés diraient, la vie est chère!

Pour pallier à cette crise nationale, le gouvernement Burkinabé a décidé de prendre des mesures pour faciliter la production du riz. Samedi dernier, le ministre de l’agriculture était de passage dans la région des Cascades pour aller rencontrer les producteurs de riz et tenter de trouver une solution à leurs problèmes dans la production du riz.

Ainsi, le président et le secrétaire générale de la chambre d’agriculture m’ont invité à prendre part à l’évènement. Comme je n’avais pas beaucoup de connaissances préalables dans la filière riz, je ne savais pas trop ce qui m’attendait.

Samedi matin, je me lève, cours me chercher le pain et prend bien soin de le garnir de pâte d’arachides que Mariam a gentiment fait pour moi (étrangement, les Burkinabés n’aiment pas le beurre d’arachides sur le pain!) Je monte mon vélo avec mon pagne (une espèce de jupe un peu style paréo dans la façon de la porter), déjà, c’est quand même un défi le vélo en jupe tout en tentant de ne pas laisser entrevoir nos genoux. Mais vraiment, je m’en viens une pro! Je roule donc tout bonnement vers les 7h15 en direction du travail, saluant les gens sur mon passage et prenant une bouché de pain d’une fois à l’autre, paisible. Le soleil brille déjà, mais ne chauffe pas trop encore. Je passe à côté de mon réparateur de vélo et puis BANG! Une moto me dépasse par la gauche de si près qu’elle accroche mon guidon. Voilà! Je me retrouve sur le sol. Les jambes toutes prises dans le pagne, l’épaule bien égratignée, mais le pain sauvé! Eh oui! Mon premier accident de vélo. On dirait que c’est ma spécialité! Par contre, ne vous en faites pas. Vraiment, c’est juste de la peau qui est partie. Rien à comparé de mon accident d’il y a presque deux ans (mais oui, j’ai tout de même pris le même plaisir à m’éplucher la peau). La personne qui m’a renversé ne s’est même pas arrêtée. Après en avoir parlé avec d’autres personnes ici, nous croyons qu’il a sans doute pris peur des représailles comme j’étais blanche. Mais bon, ce n’était qu’une petite péripétie, revenons-en au sujet principal, la visite du ministre.

Donc, j’arrive au service avec un peu de peau en moins pour rejoindre M. Sombié et M. Barro. Bien vite, nous partons dans un gros camion blanc en direction de? Vraiment je n’ai aucune idée de ce qui se passe! Je me retrouve donc dans la cour de la maison du gouverneur de la région où nous rejoignons pleins d’autres personnes importantes. Une fois tous réunis, nous prenons la route pour aller attendre le ministre à l’entrée de Banfora. Nous sommes à ce point une vingtaine de voitures en convoi. Nous descendons tous et nous asseyons en saluant les gens et attendant (vraiment à ce point je n’avais aucune idée de ce qui se passait). Finalement, un convoi de cinq autres voitures arrivent. Tout le monde court pour aller sur le bord de la route s’y mettre en file pour serrer la main du ministre et des autres personnes qui l’accompagnent. Puis, c’est la course folle vers les camions pour suivre le convoi, et surtout, être le plus près du président possible. En effet, le rang dans le convoi démontre la hiérarchie. Nous sommes environ cinquième ou sixième sur vingt-cinq. Vraiment, je suis dans un endroit plus important que je ne l’aurais cru. C’est impressionnant de voir l’effet sur la population de ce convoi. Tout s’arrête. En fait, nous produisons tellement de poussières avec les voitures que les gens n’arrivent plus à marcher, faire du vélo ou travailler, donc les yeux sont tous rivés vers nous et les drapeaux burkinabés apparaissent partout sur notre route.

La journée comprend la visite de deux plaines. Tout d’abord, nous nous rendons dans la province du Léraba dans la commune de Nioufila, près de Douna. Les gens nous donnent d’abord les statistiques sur leur production avant de nous montrer leur installation pour la pisciculture et nous accompagner au centre du village. Là-bas, tous les producteurs sont rassemblés. Nous sommes accueillis au son du balafon (espèce de xylophone traditionnel) et des chants. Nous avons droit à tous les sièges confortable. Je suis placée dans la deuxième rangée (euh je ne sais même pas ce qui se passe!). Puis le président de la plaine salue le ministre et lui expose les demandes des producteurs. Je tiens à souligner que les femmes et les hommes sont sur des côtés différents et que à aucun moment la parole a été adressée aux femmes, le dos du président leur ai même tournée, pourtant, ce sont elles les vraies travailleuses.

Le président se dit très déçu de la première plaine parce qu’ils n’exploitent pas leur territoire comme ils le devraient. Au cours des discussions, nous apprenons que c’est par peur que les producteurs n’osent pas faire plus. En effet, par le passé, ils ne sont pas arrivés à écouler toutes leurs récoltes.

La formule de l’évènement était très intéressante. Le président a écouté les paysans faire part de leurs problèmes patiemment avant de proposer des solutions. Ainsi, cinq problèmes majeurs ont été identifiés:

1- Le manque d’organisation (l’union des paysans n’arrivent pas à palier à se problème, ce qui amène un chaos pour les productions)

Solution : Le ministre leur promet la visite d’un ingénieur qui va venir évaluer les possibilités de la plaine et les aider à mieux s’organiser

2- Le manque de semences et d’entrants (engrais).

Solution : De la même manière que pour les producteurs de coton, le gouvernement offre un support de ce côté. Les semences seront remises aux producteurs pour la symbolique somme de 1000Fcfa (2$) et les engrais maintenant au coût de 45 000Fcfa seront laissés à 27 500Fcfa. Bien sur, le gouvernement sollicite l’honnêteté des producteurs et les avisent que si ces derniers exportent en Côte-d’Ivoire ou au Mali les engrais pour une plus grande somme, ils le sauront et ce sera la fin de l’aide gouvernementale.

3- Le manque d’équipements agricoles

Solution : Le gouvernement met à la disposition des tracteurs entièrement équipés avec l’équipement agricole aux unions. Les petits tracteurs sont offerts pour la somme de 6 000 000Fcfa (14 000$) et les gros pour la somme de 9 000 000 Fcfa (21 000$) à crédit remboursable en cinq ans.

4- Les problèmes d’écoulement

Solution : Le riz est devenu introuvable. On arrive même plus à importer de l’Asie. Le gouvernement garantie à tous les producteurs d’acheter toutes les récoltes invendues.

5- Les hippopotames mangent les récoltes

Solution : Les paysans doivent planter une haie autour des rizières pour forcer les hippopotames à demeurer dans leur environnement naturel. Cependant, le gouvernement n’offre pas d’aide à ce niveau. Bien que ça semble minime j’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’un investissement de près de 6 000 000Fcfa (14 000$), ce qui est énorme pour les gens ici. Je vous rappelle que la majorité de la population gagne moins de 2$ par jour.

Par la suite, nous nous sommes dirigés dans un autre village directement à côté des cascades et un scénario semblable s’est produit. À l’exception du problème des hippopotames et que les gens avaient déjà de meilleures récoltes et une décortiqueuse.

La journée s’est terminée à la maison du gouverneur pour un repas. Je ne croyais pas un jour manger à la maison d’un gouverneur burkinabé, mais disons que je me sentais plus ou moins à ma place. Finalement la dernière course a été de manger pour rapidement sauter dans les véhicules et aller saluer le ministre à la fin de la ville. La journée venait de se terminer à 20h, j’avais raté le festival de la musique, mais vraiment je venais de vivre une expérience inoubliable. De m’incruster dans le monde politique et de voir toutes ces formalités. Je venais aussi d’un peu mieux comprendre le poids politique des chambres d’agriculture. Par contre, je venais aussi d’être entièrement introduite au fossé qui existe entre les riches et les pauvres ici…