Ingénieurs sans frontières (ISF)
Je vous vois tous avec vos sourcils en forme d’interrogation, me regardant gentiment et me disant: C’est quoi le rapport, t’étudies pas en éducation toi?
Eh oui! L’éducation, c’est justement ça qui m’a amené vers ISF. J’ai commencé à m’impliquer avec ISF à l’automne 2006 à travers les sensibilisations dans les écoles secondaires (SES). J’avais le goût de passer encore plus de temps avec les jeunes et en plus, ISF me permettait de le faire tout en parlant de sujets qui me touchent énormément, à commencer par la problématique d’accès à l’eau potable. J’ai goûté à ISF et je n’ai pas été capable de m’en défaire. J’avais réussi à trouver un organisme qui me rejoignait en tant que personne à Sherbrooke, le bac commençait bien!
Puis l’automne 2007 s’est pointé et la petite Val avait besoin de nouveaux défis. Les SES étaient encore là et me faisaient toujours autant vibrer, sinon plus, mais les autres projets d’ISF commençaient à m’interpeller drôlement. Un coup de tête, quelques formulaires de remplis et une entrevue de sélection plus tard, on m’a appris que j’étais l’une des deux stagiaires courts termes pour Sherbrooke à l’été 2008.
Me voilà donc embarquée dans le bateau fébrile et trouillarde à la fois. Il n’y a plus de retour en arrière, le grand départ se fait dans 3 jours!
C’est bien beau tout ça, mais vraiment, qu’est-ce qu’ingénieurs sans frontières?
ISF, c’est un jeune organisme qui a été fondé en 2000 par deux ingénieurs de la région de Toronto. Depuis, il y a eu des petits! En 2008, ISF Canada compte 25 sections universitaires et 5 sections professionnelles à travers le pays. Toutes ces personnes croient en la mission d’ISF et tentent dans leurs gestes au quotidien de contribuer à son accomplissement. Mais quelle est cette mission? ISF a pour mission de promouvoir le développement humain en donnant accès à la technologie appropriée. Ainsi, ISF croit que la pauvreté n’est que le résultat d’un manque d’opportunités et veut tenter d’enrayer la pauvreté mondiale.
Pour ce faire, ISF travaille dans deux volets principaux. Premièrement, un nombre d’efforts inestimables sont mis dans la sensibilisation ici même au Canada. Les différents sections organisent constamment des ateliers sur des problématiques mondiales et tentent de sensibiliser autant les jeunes du secondaire et les universitaires que le grand public. Deuxièmement, ISF envoie des volontaires gradués universitaire long-termes (12-36 mois) et des volontaires en cours d’études universitaires court-termes (4 mois) dans quatre pays Africains (Burkina Faso, Ghana, Malawi, Zambie) pour y faire du développement humain.
Maintenant, pourquoi avoir choisi ISF?
Parce que je crois en leur approche. Ainsi, ISF n’envoie pas seulement des petits occidentaux qui prétendent tout savoir en terre africaine. ISF s’efforce plutôt de jumeler les stagiaires avec des organismes locaux déjà existants et d’aider les membres de ces organismes à développer leur plein potentiel. Je crois pertinemment qu’une telle approche favorise l’échange d’expertise entre les deux parties, ce qui rendra l’expérience tout autant enrichissante pour moi que pour eux.
Et moi, qu’est-ce que je ferai exactement?
Je serai dans la petite ville de Banfora, dans le sud-ouest du Burkina, à environ 90km de Bobo-Dioulasso. Le coin un petit plus touristique du Burkina grâce aux pics de Sindou, aux cascades et aux hippos. C’est aussi un coin un peu plus humide où la production de fruits et légumes est apparemment plus importante que dans le reste du pays.
Je travaillerai avec deux organismes locaux pendant mon séjour là-bas. Tout d’abord, je travaillerai avec le Bureau d’appui à la Micro-Entreprise (BAME) qui a pour mission de contribuer au développement économique de la région du sud-ouest du Burkina Faso par le développement de la petite et moyenne entreprise. Plus précisément, mon travail sera orientée vers un projet actif au BAME, soit : la réalité de vie des producteurs de la filière anacarde* (c’est-à-dire influencer et coordonner les actions des différents intervenants sur la filière anacarde au Burkina Faso).
* L’anacarde est ce que nous appelons communément la noix de cajou ici.
Aussi, je travaillerai avec l’Association des jeunes pour la Promotion de l’Esprit d’Entreprise (AJPEE). Avec l’AJPEE, j’aurai un projet spécifique, soit : le développement personnel mutuel avec un conseiller en entreprises qui tente d’établir un centre de ressources capable de donner des services privés de développement de l’entreprise aux jeunes entrepreneurs de sa région.
Alors voilà ma réalité. Je m’apprête à sauter à pieds joints dans ce nouvel univers dans un peu moins de trois jours déjà. J’ai hâte d’apprendre, hâte d’être confronté à moi-même et de grandir à travers tout ça. Je suis aussi remplie de craintes, il n’y a pas de doute là-dessus. Je sais que je serai débosselée et que mes valeurs profondes seront confrontées. On me parle bien souvent des difficultés physiques auxquelles j’aurai à faire face. C’est bien certain que je ne souhaite pas être malade toute la durée du périple, mais pour moi, tout cela n’est qu’une infime partie de cette aventure. Le grand défi demeure psychologique et intérieur.
On me demande souvent ce qui me pousse à me mettre à l’épreuve comme ça. Les mots ne peuvent pas l’expliquer. C’est dans mes trippes. C’est ce qui me fait avancer, ce qui me fait sourire, me fait vivre. C’est ce qui me rend heureuse. Allez hop…on embarque!