mardi 3 juin 2008

Une chance qu'il y a le nescafé

Chaque jour depuis que je suis ici, je pense à Rodney, un des garçons avec qui j’ai fait Katimavik, et à cette fois où il nous a dit que dans la culture amérindienne les gens prennent la vie au jour le jour et tentent de faire de chaque jour un accomplissement. Ainsi, quand la journée se termine et qu’ils sont en mesure de dire : « Today is a good day to die » (aujourd’hui est une bonne journée pour mourir), ça signifie qu’ils sont fiers de ce qu’ils ont accompli dans la journée et que s’ils devaient mourir à ce moment, ils le feraient de façon épanouie et noble. Ainsi, depuis que je suis ici, c’est de cette manière que je tente de prendre chaque journée qui vient.

Je peux vous dire que vraiment hier, it was a good day to die! La journée a été très bonne et s’est terminé de façon splendide. En fait, depuis quelques jours, je retire un peu mon bonheur du malheur des autres ou, j’essaie de prendre le côté positif des choses? Je m’explique. Le papa de Mariam (la femme chez qui j’habite) est malade donc il est venu chez sa première femme (la maman de Mariam) pour être plus près des soins hospitaliers que dans la brousse où il habite avec ses deux autres femmes. Depuis qu’il est là, les enfants viennent tous le visiter et j’ai ainsi la chance de discuter avec eux. Donc vraiment, je souhaite qu’il se porte mieux très vite (quoique le médecin hier lui a dit que c’était sans doute le VIH, il doit passer le test aujourd’hui donc…), mais en attendant, je profite des opportunités.

Bref, hier deux des garçons étaient en visite et nous sommes allé échanger avec Mariam, une autre sœur et Omar (le jeune étudiant qui habite dans la cours) au maquis (petit resto / bar / terrasse) et j’ai vraiment eu pleins de conversations super pertinentes et intéressantes. C’est ainsi que j’ai appris que le président du Burkina Faso, avant dernier pays le moins développé au monde, était plus riche que notre cher Stephen Harper et que le président Chirac en France. C’est fou la corruption qui règne ici. Tout est corrompu ici, imaginé le président est au pouvoir depuis 20 ans. Quand il y est entré, après avoir fait assassiné le président de l’époque, le révolutionnaire Thomas Sankara, en 1987, il a tenu des élections qu’en 1993, 6 ans plus tard! Avant, il s’était lui-même proclamé président! Et par la suite, bien sur, la corruption l’a gardé au pouvoir jusqu’à aujourd’hui. C’est un peu désarmant de voir à quel point nous ne pouvons rien contre tout ce qui se passe à ce niveau.

Malheureusement, aujourd’hui la journée a commencé un peu moins bien. Encore une fois, j’ai pensé à un moment pendant Katimavik, mais cette fois, ça concernait mon cher frère, Patrick. En effet, quand Patrick est venu me visiter à Terre-Neuve pendant Katimavik, un jour nous sommes allés prendre un café et Patrick m’a fait comprendre que je m’emportais beaucoup trop facilement lors de discussions de groupe, que j’étais trop impulsive et que je devais apprendre à être plus posée. Depuis ce jour, chaque fois que je me laisse emporter, j’ai une pensée pour lui et j’essaie de me détendre. Or, depuis que je suis au Burkina, j’ai l’impression de soit avoir fait des progrès immenses ou soit mon frère aurait beaucoup de boulot sur les bras avec les gens ici.

Les gens ont le tempérament CHAUD, même moi, ça m’épuise! Les gens crient c’est incroyable. Ainsi, si quelqu’un veut parler à une autre personne, jamais ils ne se lèveront pour aller lui parler. Ils restent où ils sont et crient tant et aussi longtemps que l’autre ne vient pas les rejoindre ou ne leur répond pas et ils s’emportent s’ils n’ont pas de réponses. Donc, même si seulement deux personnes sont réveillées à 5h le matin, s’ils veulent se parler et qu’ils sont à deux extrémités de la cours, ils se crient après au lieu de bouger.

Aussi, les gens ne se mêlent pas de leurs affaires, dimanche, je suis allée au marché avec Mariam pour vendre notre production d’anacardes. Sur la route vers le marché, nous avons croisé un petit attroupement de personnes. Un jeune homme avait accroché une dame avec sa moto et toute sa poterie était maintenant tombée et cassée. Et bien devinez quoi! Bien sur Mariam s’est arrêtée et s’est mise à GUEULER en djoula. Je ne sais même pas ce qu’elle disait, mais je peux très bien comprendre qu’elle ne se mêlait pas de ses affaires. Pendant 15 minutes, elle a suivi les gens pour leur gueuler après. Non, mais de quoi tu te mêles. Je me sentais super inconfortable.

Ce matin, ce fut le comble! Dimanche, la journée du marché, j’ai dit à Mariam que je lui offrait un moustiquaire (le mien est une place seulement et le sien est troué partout…résultat je me fais piquer et je ne veux pas le palu donc…) Ainsi, nous sommes allées ensemble en acheter un. Nous sommes allé voir une dame qu’elle connaît et lui avons bien expliqué que nous voulions une moustiquaire double. Le soir, une fois à la maison, quand j’ai tenté d’installer la moustiquaire, surprise, c’est un simple! Donc je le dis à Mariam. Bleue, elle s’empare du moustiquaire et part chez la dame pour l’engueuler. Ok, c’est un peu justifié (peut-être pas aussi intense mais bon..)

Alors tout ça se déroule dimanche. Lundi, elle parle encore du moustiquaire et dit qu’ils en ont commandé un dans la capitale parce qu’il n’y en a pas ici et blablabla. OK

Ce matin…6h!!! MARIAM, MARIAM, MARIAM. On crie pour la réveiller. Je me tourne de bord et la laisse se lever. Le spectacle commence. La dame qui lui criait après était la dame du moustiquaire venu l’engueuler. Je ne sais pas pourquoi, je ne comprends pas le djoula encore, mais je comprends moustiquaire. Elles se sont époumonées, ont gueulées à en fendre l’air pendant 1h!!!!!!!! 1h vous imaginez!!! POURQUOI? Je ne comprends vraiment plus rien! Tout ce que je sais, c’est que mon dieu que je ne suis pas prime comparé à eux Patou!

Bref, je ne sais pas pour vous, mais se faire réveillé ainsi, ce n’est pas vraiment un bon début à la journée. J’ai vraiment de la difficulté avec cet aspect de la culture ici. Heureusement, en arrivant au bureau les dames étaient toutes de très bonne humeur et Assetou m’a même fait un petit nescafé bien sucré (comme tout!) alors il y a de l’espoir!



Ah oui! Julie, j’ai pensé à toi hier. Quand nous sommes allé au maquis, j’étais en pyjama et oui, j’ai bu une guiness à ta santé!

2 commentaires:

Maude Proulx a dit…

Mais Val !!! C'est comme nos chers voisins d'ici.... je t'épargne les détails mais tu sais à quel point leurs interractions sont édifiantes....
Mais ouin... ça doit être assez fou... en plus que tu peux pas vraiment comprendre leurs engueullades...
Tes bouchons sont où ???
tu l'as ton fameux moustiquaire ???

besos

Hany boy et moi !!!

Catherine a dit…

Wow voir ton blugue photo m'a fait tellement plaisir, je suis sur que tu vas les regarder 6 mois apres ton retour et tu vas te sentir chez toi! Profite bien de chaque moment, jadore cette conception amerindienne dont tu parlais, etre pret a mourir apres chaque journee, cest vraiment un but a atteindre...et jessaie de le faire de mon cote aussi. Il y a tellement a voir partout dans le monde! Vive les vaches sacrees et le monde qui crache par terre tellement fort quils te reveillent a 5 heurs du matin! Ye! Jadore recevoir des nouvelles!
Bisous,
Catherine H...