jeudi 3 juillet 2008

Il y a longtemps

Bonjour à tous!

Je suis en transition entre mon séjour à Orodara et la retraite à Dori. J'ai plein de choses à vous raconter. Je vous reviens la semaine prochaine, mais en attendant, je vous fais part d'une journée importante qui s'est déroulé juste avant mon départ de banfora.

Je pense très fort à vous!

Une visite très intéressante!

Alors samedi, bien que le plan original était d’aller à Bobo-Dioulasso pour le festival de la musique comme je le souhaitais tant, une opportunité en or s’est présentée à moi. Je ne pouvais certainement pas refuser!

Comme vous en avez sans doute entendu parlé, il y a une crise alimentaire mondiale. Un des impacts important est la hausse du coût de la nourriture. De plus, il y a une crise dans le monde de la production du riz. Au Burkina en l’espace d’à peine six mois le kilo de riz est passé est de 200Fcfa à 425Fcfa. Comme les Burkinabés diraient, la vie est chère!

Pour pallier à cette crise nationale, le gouvernement Burkinabé a décidé de prendre des mesures pour faciliter la production du riz. Samedi dernier, le ministre de l’agriculture était de passage dans la région des Cascades pour aller rencontrer les producteurs de riz et tenter de trouver une solution à leurs problèmes dans la production du riz.

Ainsi, le président et le secrétaire générale de la chambre d’agriculture m’ont invité à prendre part à l’évènement. Comme je n’avais pas beaucoup de connaissances préalables dans la filière riz, je ne savais pas trop ce qui m’attendait.

Samedi matin, je me lève, cours me chercher le pain et prend bien soin de le garnir de pâte d’arachides que Mariam a gentiment fait pour moi (étrangement, les Burkinabés n’aiment pas le beurre d’arachides sur le pain!) Je monte mon vélo avec mon pagne (une espèce de jupe un peu style paréo dans la façon de la porter), déjà, c’est quand même un défi le vélo en jupe tout en tentant de ne pas laisser entrevoir nos genoux. Mais vraiment, je m’en viens une pro! Je roule donc tout bonnement vers les 7h15 en direction du travail, saluant les gens sur mon passage et prenant une bouché de pain d’une fois à l’autre, paisible. Le soleil brille déjà, mais ne chauffe pas trop encore. Je passe à côté de mon réparateur de vélo et puis BANG! Une moto me dépasse par la gauche de si près qu’elle accroche mon guidon. Voilà! Je me retrouve sur le sol. Les jambes toutes prises dans le pagne, l’épaule bien égratignée, mais le pain sauvé! Eh oui! Mon premier accident de vélo. On dirait que c’est ma spécialité! Par contre, ne vous en faites pas. Vraiment, c’est juste de la peau qui est partie. Rien à comparé de mon accident d’il y a presque deux ans (mais oui, j’ai tout de même pris le même plaisir à m’éplucher la peau). La personne qui m’a renversé ne s’est même pas arrêtée. Après en avoir parlé avec d’autres personnes ici, nous croyons qu’il a sans doute pris peur des représailles comme j’étais blanche. Mais bon, ce n’était qu’une petite péripétie, revenons-en au sujet principal, la visite du ministre.

Donc, j’arrive au service avec un peu de peau en moins pour rejoindre M. Sombié et M. Barro. Bien vite, nous partons dans un gros camion blanc en direction de? Vraiment je n’ai aucune idée de ce qui se passe! Je me retrouve donc dans la cour de la maison du gouverneur de la région où nous rejoignons pleins d’autres personnes importantes. Une fois tous réunis, nous prenons la route pour aller attendre le ministre à l’entrée de Banfora. Nous sommes à ce point une vingtaine de voitures en convoi. Nous descendons tous et nous asseyons en saluant les gens et attendant (vraiment à ce point je n’avais aucune idée de ce qui se passait). Finalement, un convoi de cinq autres voitures arrivent. Tout le monde court pour aller sur le bord de la route s’y mettre en file pour serrer la main du ministre et des autres personnes qui l’accompagnent. Puis, c’est la course folle vers les camions pour suivre le convoi, et surtout, être le plus près du président possible. En effet, le rang dans le convoi démontre la hiérarchie. Nous sommes environ cinquième ou sixième sur vingt-cinq. Vraiment, je suis dans un endroit plus important que je ne l’aurais cru. C’est impressionnant de voir l’effet sur la population de ce convoi. Tout s’arrête. En fait, nous produisons tellement de poussières avec les voitures que les gens n’arrivent plus à marcher, faire du vélo ou travailler, donc les yeux sont tous rivés vers nous et les drapeaux burkinabés apparaissent partout sur notre route.

La journée comprend la visite de deux plaines. Tout d’abord, nous nous rendons dans la province du Léraba dans la commune de Nioufila, près de Douna. Les gens nous donnent d’abord les statistiques sur leur production avant de nous montrer leur installation pour la pisciculture et nous accompagner au centre du village. Là-bas, tous les producteurs sont rassemblés. Nous sommes accueillis au son du balafon (espèce de xylophone traditionnel) et des chants. Nous avons droit à tous les sièges confortable. Je suis placée dans la deuxième rangée (euh je ne sais même pas ce qui se passe!). Puis le président de la plaine salue le ministre et lui expose les demandes des producteurs. Je tiens à souligner que les femmes et les hommes sont sur des côtés différents et que à aucun moment la parole a été adressée aux femmes, le dos du président leur ai même tournée, pourtant, ce sont elles les vraies travailleuses.

Le président se dit très déçu de la première plaine parce qu’ils n’exploitent pas leur territoire comme ils le devraient. Au cours des discussions, nous apprenons que c’est par peur que les producteurs n’osent pas faire plus. En effet, par le passé, ils ne sont pas arrivés à écouler toutes leurs récoltes.

La formule de l’évènement était très intéressante. Le président a écouté les paysans faire part de leurs problèmes patiemment avant de proposer des solutions. Ainsi, cinq problèmes majeurs ont été identifiés:

1- Le manque d’organisation (l’union des paysans n’arrivent pas à palier à se problème, ce qui amène un chaos pour les productions)

Solution : Le ministre leur promet la visite d’un ingénieur qui va venir évaluer les possibilités de la plaine et les aider à mieux s’organiser

2- Le manque de semences et d’entrants (engrais).

Solution : De la même manière que pour les producteurs de coton, le gouvernement offre un support de ce côté. Les semences seront remises aux producteurs pour la symbolique somme de 1000Fcfa (2$) et les engrais maintenant au coût de 45 000Fcfa seront laissés à 27 500Fcfa. Bien sur, le gouvernement sollicite l’honnêteté des producteurs et les avisent que si ces derniers exportent en Côte-d’Ivoire ou au Mali les engrais pour une plus grande somme, ils le sauront et ce sera la fin de l’aide gouvernementale.

3- Le manque d’équipements agricoles

Solution : Le gouvernement met à la disposition des tracteurs entièrement équipés avec l’équipement agricole aux unions. Les petits tracteurs sont offerts pour la somme de 6 000 000Fcfa (14 000$) et les gros pour la somme de 9 000 000 Fcfa (21 000$) à crédit remboursable en cinq ans.

4- Les problèmes d’écoulement

Solution : Le riz est devenu introuvable. On arrive même plus à importer de l’Asie. Le gouvernement garantie à tous les producteurs d’acheter toutes les récoltes invendues.

5- Les hippopotames mangent les récoltes

Solution : Les paysans doivent planter une haie autour des rizières pour forcer les hippopotames à demeurer dans leur environnement naturel. Cependant, le gouvernement n’offre pas d’aide à ce niveau. Bien que ça semble minime j’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’un investissement de près de 6 000 000Fcfa (14 000$), ce qui est énorme pour les gens ici. Je vous rappelle que la majorité de la population gagne moins de 2$ par jour.

Par la suite, nous nous sommes dirigés dans un autre village directement à côté des cascades et un scénario semblable s’est produit. À l’exception du problème des hippopotames et que les gens avaient déjà de meilleures récoltes et une décortiqueuse.

La journée s’est terminée à la maison du gouverneur pour un repas. Je ne croyais pas un jour manger à la maison d’un gouverneur burkinabé, mais disons que je me sentais plus ou moins à ma place. Finalement la dernière course a été de manger pour rapidement sauter dans les véhicules et aller saluer le ministre à la fin de la ville. La journée venait de se terminer à 20h, j’avais raté le festival de la musique, mais vraiment je venais de vivre une expérience inoubliable. De m’incruster dans le monde politique et de voir toutes ces formalités. Je venais aussi d’un peu mieux comprendre le poids politique des chambres d’agriculture. Par contre, je venais aussi d’être entièrement introduite au fossé qui existe entre les riches et les pauvres ici…

2 commentaires:

Katsu a dit…

Excusez, pardon MADAME Raymond! Je suis contente de ravoir de tes nouvelles et de savoir que tu vis une panoplie d’évènements inattendus (excluant celle du vélo bien sûr). N’oublie pas que les choses arrivent souvent pour une raison et cette journée te reviendra probablement un jour dans un autre contexte où tu auras le pouvoir d’y mettre ton grain de sel! Je pense à toi, Kathy Sue xxx

Alexe a dit…

Trop cool Val, tu es chanceuse. Profite-en, il ne te reste que, quoi 7 semaines??? :) xxx